Cannes, compétition : Emmanuelle Seigner divinement féministe dans Vénus à la Fourrure de Polanski
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Après avoir adapté le Carnage de Yasmina Reza, il propose en cette compétition sa vision d’une pièce de Davis Ives. Un film en forme de huis clos sexy où brille Emmanuelle Seigner face à un Mathieu Amalric double du réalisateur.
Paris, un théâtre du 17ème un soir de pluie où il y a relâche. Thomas (Mathieu Amalric) sort d’une journée éprouvante : il n’a trouvé aucune comédienne capable d’interpréter la Vanda de son adaptation pour la scène du grand roman de Sacher-Masoch « La Vénus à la fourrure » (1870). Arrive, très en retard, les cheveux dégoulinants de pluie, un collier de chien autour du cou, une comédienne au CV minuscule et à la vulgarité énorme. Un peu débordé par les femmes en général et par celle-là en particulier, peut-être parce qu’elle s’appelle Vanda, Thomas accepte de lui donner la réplique. Le miracle opère, mais il apporte avec lui un transfert bien dangereux…
Filmant avec liesse et vivacité un huis clos entre deux excellents acteurs, Polanski marche presque sur les plates-bandes de Benoît Jacquot ! Divertissant, bien joué, un brin pervers, « Vénus à la fourrure » se targue même de proposer une interprétation du texte de Sachr-Masoch. Le film nous montre surtout que la muse de Polanski n’a pas perdu un gramme de sex- appeal depuis « Lunes de fiel » (1992), même si elle est bien moins naïve que dans « Frantic ». Du mythe de Vénus à celui de Pygmalion, il n’y a donc peut-être qu’un pas.