
Cannes 2023, Compétition : Perfect Days, film sur la simplicité du quotidien, avec un peu d’âme
De retour au Japon, Wim Wenders trace une histoire pas extrêmement originale avec sensibilité tout de même.
Dans Perfect Days, Wim Wenders tente de peindre le quotidien d’Hirayama, homme taiseux mais plutôt jovial vivant seul à Tokyo. Il a les moyens de rendre son tableau concluant. Il sait signer des plans à la fois simples et évocateurs des micro actions de cet homme assez affairé. Le montage, dirigé par Toni Froschhammer, aide cet ensemble de séquences réussies à bien respirer. On peut ajouter à cela que Kôji Yakusho reste un interprète idéal pour ce rôle. Massif, il n’en reste pas moins très apte à imposer un côté bonhomme et naturel, qui conviennent parfaitement à cette chronique de jours ordinaires. Il impose une profondeur puissante, même en restant muet.
On s’attache donc à ses réveils, ses retours, ses trajets dans son camion, discrètement transfigurés, pour quelques secondes, par une mise en scène attachante et juste. Seulement, reste aussi à prendre en compte la trame du film. Ici, le bât blesse un peu. Elle manque en effet d’originalité. Les événements qui s’invitent au sein de l’ordinaire d’Hirayama restent plaisants, mais pas vraiment davantage. Ce faisant, le programme du long-métrage se déroule d’une manière un peu attendue. Ce vers quoi il avance surprend peu.
D’autant plus que ce côté trop écrit des éléments perturbateurs ne permet pas trop à l’âme de Tokyo de s’imposer, à l’image. Ni au travail du personnage central d’être un sujet très marquant : Hirayama nettoie en effet les toilettes publiques, dans la capitale japonaise. En raison de la forme générale du film, cet aspect n’apparaît pas totalement creusé.
Au final donc, Perfect Days laisse une impression agréable mais curieusement pas très dépaysante. Il apparaît standardisé. Et c’est une impression un peu triste. On se dit que Wim Wenders a peut-être voulu parler de trop de choses, et pourquoi pas, trop atteindre à l’universel. Le rendez-vous aiguisé avec certains aspects propres à la ville de Tokyo est un peu raté.
Même le très drôle jeune collègue peu performant du héros pourrait avoir un comportement similaire s’il n’était pas japonais. Et les cassettes audio d’Hirayama apparaissent plus comme un trait de caractère suggéré de façon un poil générique que comme un vrai détail évoqué de façon fine. A force de vouloir toucher tout le monde, Wenders s’est apparemment fait quelque peu aspirer et signe un film qui parle de tout le monde. Un peu décevant.
Le Festival de Cannes 2023 se poursuit jusqu’au 27 mai.
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