
Cannes 2022, Un certain regard : War Pony, chronique trop en surface de Riley Keough
Assistée ici à la réalisation par Gina Gammell, l’actrice américaine signe un premier long-métrage sur la vie d’Indiens dans la réalité des Etats-Unis d’aujourd’hui, et ne livre au final qu’un objet un peu trop simple.
War Pony est une chronique sociale suivant des personnages de différents âges, Indiens Oglalas vivant, aux Etats-Unis, dans la réserve de Pine Ridge. Une chronique d’existences difficiles, bien sûr, dans la pauvreté, la débrouille et le manque d’horizon, avec parfois quelques rayons de soleil. Mais Riley Keough, pour le premier long-métrage qu’elle réalise, avec Gina Gammell, ambitionne également de parler d’appartenance, vis-à-vis de ces Indiens d’Amérique du Nord dont les vies actuelles résultent en grande partie des massacres du passé et de la soumission des tribus dans la violence.
L’objectif n’est hélas pas vraiment atteint : on se dit, à l’issue de la projection, que le grand film qui penserait et donnerait à voir la place des Indiens dans les Etats-Unis d’aujourd’hui, réelle comme rêvée, dans sa complexité comme dans ses aspects douloureux – celui dont rêvait Michael Cimino – reste à faire. Bien qu’on salue toujours ce genre de projets, et le fait qu’une actrice célèbre se lance dans ce thème…
Beaucoup de choses apparaissent trop superficiellement dites et figurées, dans ce long-métrage : l’un des personnages – attachant par ailleurs, en partie du fait de celui qui l’interprète – rêve de sortir de sa condition en gagnant davantage, et en travaillant pour un riche. Il est ainsi sensé symboliser “l’appartenance aux Etats-Unis d’aujourd’hui des Indiens”, vissés pour certains au rêve américain. La réflexion semble ici trop courte : une telle idée pourrait être figurée avec davantage de profondeur, quitte à partir sur une voie plus abstraite, plus riche au final.
Du même coup, bien des situations auxquelles on assiste apparaissent déjà-vues. Il en va de même pour un autre des protagonistes, jeune pré-adolescent sans beaucoup d’horizon, qui deale la drogue de son père. En voulant peut-être adresser des messages et alarmer, de façon trop évidente, Riley Keough reste en surface, et manque de visiter les aspects plus profonds – et donc peut-être plus douloureux encore – de son sujet.
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Visuel : © Felix Culpa