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[Cannes 2021, Hors Compétition] De son vivant : le talent d’Emmanuelle Bercot et trois splendides acteurs

[Cannes 2021, Hors Compétition] De son vivant : le talent d’Emmanuelle Bercot et trois splendides acteurs

04 August 2021 | PAR Geoffrey Nabavian

Dans ce nouveau film dramatique, la réalisatrice Emmanuelle Bercot évoque un malade condamné avec l’intensité et la justesse qu’on lui connaît, aidée par des interprètes splendides.

Professeur de théâtre pour des jeunes débordant de vie et d’envies, Benjamin se voit annoncer qu’il a un grave cancer, et qu’il ne pourra rester vivant que peu de temps encore. Aidé par sa mère Crystal, il affronte cette situation, et se trouve bientôt une alliée en la personne d’Eugénie, qui travaille dans l’hôpital où il est pris en charge.

Si De son vivant est un film où la musique apparaît parfois trop insistante côté ambiances dramatiques et tristesse, ce défaut est bien heureusement contrebalancé par l’intelligence et la sensibilité de la mise en scène d’Emmanuelle Bercot. La réalisatrice cadre les visages de près, et donne à voir des scènes où ses acteurs et actrices convoquent toute leur intensité et leur sentiments intérieurs : elle sait les amener à un point de justesse où ils éblouissent, tout en n’en faisant pas trop, et apparaissent éminemment universels et humains. S’attardant sur leurs visages et leurs silhouettes, bien davantage que sur les décors où ils s’activent – bien choisis, bien sobres et pas lourdement signifiants – elle met face à des images imprégnées de vie.

Benoît Magimel laisse ébloui, en particulier à l’issue des formidables séquences dans lesquelles il pousse ses élèves apprentis comédiens à sortir d’eux-mêmes et à faire jaillir leurs sentiments, sur scène. Face à lui, Cécile de France impose un magnifique personnage et brille par son naturel, tandis que Catherine Deneuve se révèle elle aussi splendide, dans ses tentatives pour assister son fils avant sa mort, et pour régler toutes les questions encore en suspens dans son existence à lui. Il n’y a pas jusqu’au docteur suivant le personnage central malade – incarné par Gabriel Sara, dans son propre rôle – qui ne soit bien dirigé, et donc au coeur de beaux échanges. La maîtrise et la sensibilité d’Emmanuelle Bercot permet donc à son film de se hisser au-dessus de bien d’autres drames apparaissant larmoyants, et de donner à voir des choses bien plus vivantes, et donc proches, pour le spectateur captivé.

Présenté Hors Compétition au Festival de Cannes 2021, De son vivant sortira dans les salles de cinéma françaises le 24 novembre.

Retrouvez tous nos articles sur les films du Festival dans notre dossier Cannes 2021.

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Visuel : affiche de De son vivant

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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