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[Cannes 2016, Quinzaine] « Ma vie de Courgette », un film d’animation bouleversant

[Cannes 2016, Quinzaine] « Ma vie de Courgette », un film d’animation bouleversant

15 May 2016 | PAR Hugo Saadi

Avec Ma Vie de Courgette, les admirateurs du dessin animé ont une munition de plus : ce genre là n’est pas réservé aux enfants, loin de là. Avec son premier film, Claude Barras bouleverse en nous infiltrant dans un centre pour enfants “orphelins” et active à forte dose les glandes lacrymales sans jamais tomber dans le pathos.

[rating=4]

Avec sa grosse tête, ses yeux immenses, ses cheveux bleus et ses oreilles rouges, Icare ou Courgette comme il se fait appeler, captive rapidement l’attention du spectateur. Seul dans sa chambre, il joue au cerf-volant où est dessiné son père, parti avec une autre femme il y a plusieurs années. Il empile également des dizaines de canettes de bière, que sa mère engloutie à folle allure dans le salon… Mais voilà, le château de canettes s’écroule et sa mère, avertie par le bruit du fracas se lève (enfin) de son fauteuil pour venir fesser son jeune fils de 9 ans. Ce sera la dernière fois, puisque Courgette repousse sa mère dans l’escalier, la tuant sur le coup… Le film ne perd pas de temps à nous emmener dans le vif du sujet : la vision et le quotidien des enfants abandonnés orphelins et délaissés par leurs parents ou pour faire court : des enfants qui “n’ont plus personne pour les aimer” lance le rebelle de la classe au nouveau venu Courgette.

La galerie d’enfants dépeint par le réalisateur Claude Barras est variée. Une jeune fille a vu sa mère se faire renvoyer en Afrique, une a vu la sienne se faire tuer par son père, des jeunes garçons se sont retrouvés seuls car leurs parents se droguaient ou alors parce qu’il sont désormais derrière les barreaux. C’est donc un univers chargé de multiples intrigues dans lequel pénètre Courgette. L’intégration se fait plus difficilement avec le bizutage du rebelle du refuge, mais la venue de Camille, la nouvelle arrivante va transformer son quotidien…

Le film place le spectateur à hauteur des enfants et essaie de nous montrer comment ils gèrent l’intégration en centre spécialisé, mais aussi les différentes questions du quotidien comme “comment on fait les bébés” ? Claude Barras évite de tomber dans le misérabilisme et raconte avec subtilité et innocence ces durs passages de la vie. L’humour en fait bien évidemment partie intégrante et c’est là où l’animation en stop motion joue un rôle non négligeable. Les bouilles des enfants sont démesurément mises en valeur tandis que les couleurs vives donnent une chaleur réconfortante au film. Lorsqu’arrive le générique, on ne peut qu’être déçu (le film dure seulement 1h06), mais finalement, il en est que plus percutant. Le scénario, adapté d’un livre, est signé Céline Sciamma, il réussit à ne pas en faire des tonnes et à ne laisser personne sur le côté. Chaque personnage (du policier chargé de l’accueil de l’enfant lors du drame à la directrice de l’établissement en passant par la ribambelle des gamins) est traité d’égal à égal et le duo Courgette / Camille donne le tempo et fait des étincelles !

En somme, un film d’animation touchant, drôle, bouleversant (les glandes lacrymales travaillent beaucoup) et simple et efficace dans son traitement.

Ma vie de Courgette, un film de Claude Barras, avec les voix de Gaspard Schlatter, Sixtine Murrat, Paulin Jaccoud, film d’animation suisse, 1h06. Au cinéma le 19 octobre 2016.

Visuels © Ritaproductions

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