Cinema
Après la bataille : L’Egypte d’après la Place Tahrir selon Yousry Nasrallah

Après la bataille : L’Egypte d’après la Place Tahrir selon Yousry Nasrallah

05 October 2012 | PAR La Rédaction

Mahmoud est l’un des cavaliers de la place Tahrir qui charge les révolutionnaires le 2 octobre 2011. Quand il rencontre Reem jeune publicitaire égyptienne révolutionnaire, leurs enjeux se croisent pour changer leur vie. Une superbe fresque de la société égyptienne après la révolution entre contradictions et espoirs de reconstruction. En salle depuis le 19 septembre.

Plutôt que réaliste, “Après la bataille” (toujours en salle) est une véritable confrontation au réel. On ressort du film, vibrant, avec le sentiment d’être en phase avec notre Histoire contemporaine. C’est là tout le mérite du film du réalisateur égyptien Yousry Nasrallah. Entre les images réelles de la prise de la place Tahrir le 2 février 2011 et un scénario de fiction se dessine une fresque de la société égyptienne et des nouveaux enjeux que la révolution a créés. Le scénario raconte la rencontre d’une jeune égyptienne indépendante, Reem et d’un chef de famille, cavalier, peu éduqué, Mahmoud. Dans le film, le crime de Mahmoud est d’avoir chargé des révolutionnaires lors de la bataille de la place Tahrir, manipulé par les services de Moubarak. Sans travail, illettré, son objectif est double: gagner de l’argent, par la violence s’il le faut, et offrir à ses deux fils ce qu’il n’a pas eu: l’éducation. Quand Reem, au bord du divorce rencontre Mahmoud, elle trouve une nouvelle raison à son existence: éduquer Mahmoud et sa famille. Mahmoud devient un personnage déchiré entre la nécessité de retrouver sa dignité et son éthique fort de l’enseignement de Reem.

La confrontation de ces deux individus met en lumière le choc des cultures au sein de cette société où la classe populaire n’a pas l’éducation nécessaire à sa prise d’indépendance. Yousry Nasrallah s’attaque à deux sujets primordiaux catalysés par le personnage de Reem: le statut de certaines femmes illettrées et assujetties à leur mari (c’est le cas de celle de Mahmoud) et l’isolement de certains groupes de population propice à la manipulation et au recours à la violence. Deux enjeux témoins de reconstruction difficile de la société égyptienne. La superbe scène finale du film laisse à l’imagination du spectateur plusieurs interprétations mais on en retiendra une: dans le cadre lumineux de l’image, Mahmoud escalade une pyramide, symbole du pouvoir qu’il a perdu et symbole de l’ Égypte même– depuis la révolution, Mahmoud n’a plus de touristes à emmener à dos de son cheval aux pyramides. C’est la possibilité de l’ascension du héros vers un avenir meilleur, la construction possible d’une nouvelle société. Alors que le film est sorti il y a presque un mois, il brûle d’actualité; Après la bataille fait écho à la situation en Syrie où l’opposition est cadrée pour préparer “le jour d’après”. A l’instar de la France et des États-Unis, Istanbul a ouvert un bureau de soutien à l’opposition syrienne qui aborde les droits des femmes et la lutte contre le sectarisme. Il est encore temps d’aller voir le film quand on n’ a pas la chance d’aller dans les cafés de la place Tahrir écouter “ce qui se dit” après la bataille…

Après la bataille, de Yousry Nasrallah avec Menna Chalaby, Bassem Samra, Nahed El Sebaï, Egypte, 2012, 2h02. Compétition officielle à Cannes.

Edwige de Montalembert.

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