Cinema
[Critique] « Alda et Maria » (Por Aque Tudo Bem), de Pocas Pascoal

[Critique] « Alda et Maria » (Por Aque Tudo Bem), de Pocas Pascoal

09 January 2015 | PAR Matthias Turcaud

Pour son premier long-métrage, la cinéaste angolaise Pocas Pascoal signe un drame investi non dépourvu d’éléments et de moments intéressants, mais desservi par un scénario inégal et un jeu d’acteurs parfois trop appuyé.

 [rating=2]

Inspirée de sa propre histoire et celle de proches, Pocas Pascoal, première femme opératrice de caméra en Angola, propose, après une formation au Conservatoire National du Cinéma Français suivi de plusieurs courts-métrages documentaires ainsi que d’une importante production photographique, un premier long-métrage de fiction.

Parties de leur pays d’origine pour échapper à la guerre, les deux soeurs éponymes Alda et Maria, respectivement âgées de seize et de dix-sept ans, arrivent à Lisbonne légères et sautillantes, pétries de rêves et d’illusions qu’elles vont rapidement perdre.

La photo caressante assurée par l’opérateur Octavio Espirito Santo et les costumes aux couleurs souvent chatoyantes choisis par Rute Correia correspondent à la volonté de la réalisatrice de signer un drame doux et serein, et apportent un contrepoint plus que bienvenu à la grisaille d’un Lisbonne industriel et pas très accueillant, ainsi qu’à la ribambelle d’échecs amers – une sympathique couturière qui se révèle une odieuse exploiteuse, un charmant Roméo qui se révèle un salaud fini, une séparation inévitable et des mauvaises nouvelles d’Angola  – que traversent les deux jeunes protagonistes.

On aime certaines scènes, la liberté d’une caméra très mobile, et certains choix de mise en scène – une très belle scène d’amour entre Maria et Carlos restituée seulement par du son “off” alors que nous est montrée Alda, seule, qui commence à se toucher le sexe par exemple – ; on déplore en revanche un certain schématisme dans les personnages secondaires – la méchante couturière, les méchants garçons capitalistes, infidèles et machos -, ainsi qu’un jeu parfois extrêmement appuyé des deux actrices, qui accumule les sourcils froncés et mines caricaturales, d’ailleurs souvent soulignées encore par l’usage de gros plans, et pourtant récompensé à certains festivals comme Khourigba ou Carthage. Dommage, ça aurait pu être plus poignant. Un final déchirant donne par exemple une idée de ce qu’aurait pu être ce film dont il ne faut pas oublier que c’est un premier.

Alda et Maria (Por Aque Tudo Bem), de Pocas Pascoal, JHR Distribution, Portugal, 1h34, date de sortie : 14 janvier 2015. Avec Ciomara Morais, Cheila Lima, Willian Brandao …


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Matthias Turcaud
Titulaire d'une licence en cinéma, d'une autre en lettres modernes ainsi que d'un Master I en littérature allemande, Matthias, bilingue franco-allemand, est actuellement en Master de Littérature française à Strasbourg. Egalement comédien, traducteur ou encore animateur fougueux de blind tests, il court plusieurs lièvres à la fois. Sur Toute La Culture, il écrit, depuis janvier 2015, principalement en cinéma, théâtre, ponctuellement sur des restaurants, etc. Contact : [email protected]

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