Quatre « P’tites histoires au Clair de lune » pour rêver
La lune, astre ô combien fascinant, est en soi une invitation à la rêverie ! Le film d’animation « P’tites histoires au Clair de lune », qui sort au cinéma mercredi 30 janvier 2019, nous invite à découvrir la puissante attraction qu’elle exerce sur nous, à travers le regard de quatre réalisateurs.
Tout commence par la rencontre du soleil et de la lune, au cours de laquelle l’astre lunaire va rencontrer les nombreuses péripéties qui lui sont arrivées à son ami du jour…
La première histoire est un court-métrage coréen de sept minutes, réalisé en 2017 en 2D par Mi-young Baek, intitulé Où est la lune ?. Véritable coup de cœur, ce premier conte ne saurait vous laisser insensible, que ce soit graphiquement ou émotionnellement ! Sublimé par la chanson Seule sur l’océan, composée par Shantal Dayan et Benjamin Coursier, extrait de leur spectacle jeune public Où es-tu, lune ?, il nous plonge dans le rêve musical et poétique d’un petit garçon qui a perdu sa lune… Comment cela est-il possible, me direz vous ? Tout simplement, parce que dans son monde, hommes et animaux dorment des lunes rondes et lumineuses, telles des veilleuses ! Mais une nuit, le petit garçon n’arrivant pas à trouver le sommeil se laisse surprendre par un poisson volant ! De leur rencontre naît une grande amitié…
Mais en quittant sa lune pour suivre son nouvel ami, sûrement attiré par le goût de l’inconnu, de la même manière que les enfants perdus suivirent Peter Pan pour le Pays imaginaire ou que le Petit Prince quitta sa planète pour d’autres horizons, il perd de vue sa lune. Tout comme ces derniers, le petit garçon ignore alors s’il la retrouvera un jour… Ainsi débute le long et périlleux voyage de cet enfant en pyjama et bonnet de nuit chevauchant un poisson-volant géant en quête de sa lune, qui est aussi son chez lui… Tout comme ce petit homme, nous partons à la découverte de cet univers étrange et captivant, qui joue sur nos sens. Ce court-métrage est en effet un véritable bijou. Réalisé en noir et blanc, il se teinte par moment de couleurs pastel, notamment lorsque l’enfant et son compagnon de voyage effleurent ou passent devant des objets. Tout en jouant sur la transparence et la légèreté, le dessin parvient à nous faire ressentir la matière. Nous sommes comme des enfants qui découvrent le monde pour la première fois, où chaque chose est source à la fois d’émerveillement et d’inquiétude. Le film joue d’ailleurs sur ce qui est caché, sur ce qui se dévoile et disparaît, à l’instar du cycle de la vie. La musique qui accompagne nos deux amis dans leur quête est à l’image du film : douce, délicate, poétique et mélancolique… Une fois que l’enfant se sera familiarisé avec la nuit et le monde extérieur en général, que ses craintes se seront envolées, alors peut-être retrouvera-t-il le chemin de la maison…
Autre coup de cœur de ce recueil de courts-métrages, mais cette fois-ci dans un univers totalement différent : Il était une fois… le renard et la lune, un film d’animation iranien en 3D de douze minutes, réalisé en 2004 par Babak Nazari. Le design est clairement du monde du jeu vidéo et notre petite boule de poils roux n’est pas sans nous rappeler un certain Crash Bandicoot. Tout commence par une inquiétante nuit noire, une nuit telle qu’elle donnerait la chair de poule à n’importe qui. Le petit renard est en pleine crise de panique, ne sachant où allait, il s’enfonce de plus belle dans la forêt jusqu’au moment où il aperçoit la lune. Lumineuse et belle, trônant dans le ciel noir, elle lui apporte immédiatement réconfort et sérénité. Le cœur du pauvre renard est tout chamboulé. Il a un véritable coup de foudre pour la lune et dès lors n’aspire plus qu’à une chose : retrouver sa dulcinée pour l’emmener dans sa tanière. Amour ou caprice d’enfant, nul ne saurait dire, mais toujours est-il que le renard, au contact de la lune, devient de plus en plus courageux et mâture… Finira-t-il par comprendre que la lune ne peut être accaparée par une seule personne, sans que cela n’ait de graves conséquences sur les autres êtres vivants, seul le film vous le dira…
Quant aux deux autres courts-métrages de cette sélection, ils paraissent plus enfantins, mais peut-être est-ce dû à leur réalisation. En effet, Ma lune, notre lune !, un court de dix minutes, réalisé en 2016 par Mohammad Nasseri et, P’tit loup, un film de cinq minutes trente-deux, réalisé en 1992 par An Vrombaut, utilisent tous deux la technique du papier découpé. Le premier adopte des couleurs vives, résultant probablement de l’utilisation de feutres, tandis que le second préfère des tons pastel.
Dans Ma lune, notre lune !, quatre enfants s’amusent à décrocher la une avec leur cerf-volant jusqu’à ce qu’ils y parviennent. Entre jeu et bêtise, il n’est guère aisé de trancher, surtout quand ils décident de la découper pour que chacun en emmène un morceau chez lui. Les quatre amis avaient rêvé le moment où, seuls, avec leur morceau de lune, ils joueraient de la harpe, tireraient à l’arc, s’endormiraient dessus… Mais la réalité est parfois bien différente que ce qu’on avait imaginé… Si on a tous plaisir à admirer la lune, il ne faut pas oublier qu’elle brille pour tout le monde de la même manière et que par leur acte insensé, ils ont privé de sa lumière, non seulement leur voisinage, qui tempête contre ce malheur, mais aussi le monde entier… Mais leur sera-t-il seulement possible de la remettre à sa place après l’avoir découpée ?
P’tit loup, lui, ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations. Destiné sûrement à un très jeune public, ce court-métrage joue sur les bruitages et la musique, qui accompagnent les péripéties d’une meute de loups, loups qui ressemblent d’ailleurs à des chiens, ce qui n’est guère étonnant puisque le film a été inspiré par le chien de la réalisatrice. Le scénario est assez simple : Un louveteau, en jouant avec la lune, se retrouve en mauvaise posture, tandis que le reste de la meute tente d’attraper un mouton, qui pourrait bien leur jouer un mauvais tour. C’est en quelque sort l’histoire de l’arroseur arrosé. Une histoire simple et efficace.
Ces quatre P’tites histoires au Clair de lune, même s’ils sont toutes singulières, partagent de nombreux points communs. Tout d’abord, elles traitent toutes du thème de la lune, de la fascination qu’elle exerce que les hommes, de nos désirs de se l’approprier, mais aussi de la nécessité absolue de la partager. Ensuite, ce sont tous des courts-métrages sans paroles, qui traduisent chacun la sensibilité artistique de leur réalisateur.
Alors soyez prêts à embarquer pour une rêverie au clair de lune…
P’tites histoires au Clair de lune, quatre courts-métrages présentés par les films du Whippet, au cinéma à partir du 30 janvier 2019. Durée : 39 minutes. Jeune public dès trois ans.
Visuels : © les films du Whippet