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Madres paralelas, les grands secrets de Pedro Almodovar

Madres paralelas, les grands secrets de Pedro Almodovar

24 November 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le prolixe réalisateur espagnol revient après La voix humaine à un thème plus choral, plus familier : celui des mères ! Mais ici, le drama très télénovela se teinte d’autre douleurs, plus historiques.

Madres paralelas se passe à Madrid. Nous sommes entre 2016 et 2019. Au début de cette histoire, qui est construite comme un conte, Penelope Cruz (Janis), magnétique, est photographe. Elle capture à tous les sens du terme le très bel Israel Elejalde (Arturo), anthropologue judiciaire de son métier, dans les mailles de ses superbes pulls ! 

Très vite dans le film qui cultive les ellipses,  la petite et la grande histoire se mêlent puisque la belle Janis demande au chercheur de l’aide pour ouvrir la fosse où son grand-père se trouve, assassiné par les phalangistes en 1935. Tiens ! encore une date dans ce papier et nous allons en donner des dates… des âges plutôt ! Car pendant tout Madres paralelas les filles assument leur âge. Aitana Sánchez-Gijón hurle “j’ai 47 ans!” alors qu’elle décroche enfin le rôle de sa vie au théâtre, Penelope Cruz ne regrette pas d’être tombée enceinte “par accident” de l’anthropologue sexy à “bientôt 40 ans”, et même la troublante  Milena Smit (Ana) finit par “être majeure à présent”. 

Eh oui, le temps passe, le temps compte, et pendant ce temps-là justement, des événements font basculer la vie de la paix à la tourmente. Ana et Janis sont enceintes en même temps et elles se rencontrent alors qu’elles partagent leur chambre à l’hôpital. Leur destin va être lié à vie quand Janis découvre que l’enfant qu’elle élève est la fille d’Ana. Cela aurait pu suffire à faire un film, mais dans la pellicule ultra colorée d’Almodovar, ce n’est pas l’intrigue qui compte. Non, ce qui compte, c’est le naufrage émotionnel dans lequel se trouve Janis : dire ou non que cet enfant n’est pas son enfant biologique.

Le film vous confronte à la question : et vous, à sa place, qu’auriez-vous fait ? 

Ici, tout se mêle à tout, l’amitié, l’amour, le désir, le sexe, les mensonges, la vérité…Et ce qui est étonnant c’est que jamais personne n’ait envie de se venger. Ni la mère trahie, ni les familles auxquelles l’État espagnol refuse d’enterrer facilement leurs ancêtres. Les sentiments évoqués sont la honte, la culpabilité d’avoir tenu un secret mais aucune rage n’en découle. 

Le film assume des ficelles énormes, et des coups de théâtre gros comme des immeubles madrilènes. Et ça marche, évidement ça marche, car Almodovar maîtrise l’art du trop. Étonnamment, quand il s’agit de traiter la mémoire de l’histoire nationale, on le découvre calme et pudique. Et tout le film est comme ça, alors que les révélations débordent, que les sentiments explosent, tout est calme. C’est assez inexplicable. Ah si, en fait, c’est du cinéma !

En salles le 1er décembre. Distribué par Pathé.

Visuel : © El Deseo Crédit photo Iglesias Mas

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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