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Le Renard Jaune, un très bon Jean-Pierre Mocky, noir et explosif

Le Renard Jaune, un très bon Jean-Pierre Mocky, noir et explosif

09 June 2013 | PAR Olivia Leboyer

Sur l’affiche, la queue du renard jaune forme un point d’interrogation : qui a tué le romancier désabusé Charles Sénac ? Au Renard Jaune, tous les piliers de bar le méprisaient cordialement. Un très bon Jean-Pierre Mocky, noir et corsé. Sortie le 26 juin 2013.

le renard jaune mocky affiche« Une bande de cloportes pourris dans un si petit lieu, ça tient du génie architectural » lance Charles Sénac (Richard Bohringer, tonitruant et génial) aux habitués du Renard Jaune, le rade en face de chez lui. Romancier en panne, il a beau détester ce petit monde, il ne peut se retenir de traverser la rue pour venir, régulièrement, les insulter avec style ! Un jour, Sénac est retrouvé mort, le crâne défoncé à coups de chandelier. Tous avaient une solide raison de le liquider.
Dans ce nouveau Mocky, l’art de l’injure est merveilleusement maîtrisé : Richard Bohringer, Claude Brasseur ou Antoine Duléry s’en donnent à cœur joie. Dans cette toute petite salle de bistrot, la haine circule avec une belle spontanéité : « Ordure, t’es passé par la rue Marbeuf, c’est ça ? » jette le patron Léo Cazeneuve (Antoine Duléry) à son serveur (Philippe Chevallier) qu’il désespère de voir arriver en retard pour pouvoir le virer.
L’inspecteur Giraud (Jean-François Stévenin, dont le fils Robinson a surgi peu avant, lui aussi à la recherche de Sénac) débarque pour tirer l’affaire au clair : arborant un T-shirt jaune au Renard Jaune, il fait un policier assez insolite.
Le Renard Jaune est coincé entre l’enseigne Au Clown Triste et une boutique de bondieuseries. Et tout y est légèrement de travers : le patron du Renard Jaune a la tête qui part brusquement en torticolis incontrôlables ; Brigitte (Béatrice Dalle) est une beauté balafrée ; le peintre Poulin (Frédéric Diefenthal, très drôle) ; Dominique Lavanant, embijoutée et fardée, drague les jeunes sans retenue ; Claude Brasseur, ancien militaire, n’est pas le moins bizarre du lot. Le film est adapté d’un roman noir de David Alexander, Au Rendez-vous des tordus. Et tous les personnages sont bel et bien tordus, distordus (« j’ai peint le portrait de Sénac, c’est un chef-d’œuvre » affirme le peintre en brandissant un tableau abstrait bizarroïde, « C’est son âme »).

Que reste-t-il de beau et de juste dans ce monde ? s’interroge l’énigmatique apatride Nono (Michael Lonsdale, comme d’habitude, exceptionnel). Histoires d’argent, de passion, de boisson, de vengeances, de jalousies, de légendes cyclistes s’entremêlent, pour le plus grand plaisir du spectateur !

Le Renard Jaune, de Jean-Pierre Mocky, France, 1h30, avec Michael Lonsdale, Frédéric Diefenthal, Antoine Duléry, Dominique Lavanant, Claude Brasseur, Robinson Stévenin, Jean-François Stévenin, Richard Bohringer, Philippe Chevallier, Béatrice Dalle, Patricia Barzyk, Françoise Bertin, Marie-Caroline Le Garrec. Sortie le 26 juin 2013.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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