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[Festival Biarritz Amérique latine] “Mariana” Prix du Jury et tout le palmarès

[Festival Biarritz Amérique latine] “Mariana” Prix du Jury et tout le palmarès

02 October 2017 | PAR Olivia Leboyer

mariana

Pour ce dernier jour à Biarritz, dimanche, les films primés étaient de nouveau projetés : nous avons pu découvrir Mariana, le Prix du Jury (déjà présenté à la sélection cannoise de la Semaine de la Critique). Un beau film, tout en nuances, sur la mémoire de la dictature et le poids de la famille.

C’est le film vénézuélien La Familia (de Gustavo Rondon Cordova) que le jury (Brontis Jodorowsky, la productrice Bénédicte Couvreur, le réalisateur et producteur Vincent Glenn et la délicieuse, et uruguayenne Elli Medeiros) a distingué par l’Abrazo d’or. Un film dur et sec, poignant, qui met l’accent sur l’état terrible du pays.

Avec Mariana, Prix du Jury, ils ont choisi de récompenser un autre genre de film : subtil, faussement limpide, assez déroutant.

[rating=4]

Mariana (Antonia Zegers) est un personnage étrange : vieille petite fille gâtée, à 42 ans, elle se comporte encore avec la désinvolture et la spontanéité fougueuse de l’adolescence. Très proche de son très riche papa, mal mariée à un mufle macho, elle subit des injections pour tomber enceinte. Sa rencontre avec un prof d’équitation d’une soixantaine d’années va la perturber. D’autant que ce bel homme, au regard triste et doux, est poursuivi en justice pour crime contre l’humanité : la dictature de Pinochet, époque toute proche et déjà, pour certaines mémoires, bien brouillée. Car enfin, Mariana n’a donc aucune idée de quel genre d’homme est son père ? A certains emportements, on sent que la légèreté de la jeune femme recouvre une bonne grosse couche d’angoisse, bien solide. Sous les apparences, les déportations, les assassinats, couvent dans un silence bien gardé. Le film trace avec finesse les trouées de mémoire, les moments de compréhension ou de pardon. Le père, figure imposante, d’une arrogance souveraine, glace. Musclée, impétueuse mais toute fragile, Mariana se débat avec cette filiation lourde, d’enfant de bourreau. Entre les chevaux et les chiens, une belle histoire d’amour à contretemps se tisse, qui tente de conjurer les fantômes.

Notre coup de cœur As boas maneiras a reçu une mention spéciale du Jury, tandis que Le Prix du Public a sacré Ultimos dias en la Habana, un film cubain sur un amour homosexuel, également prix d’interprétation féminine (pour Gabriela Ramos). L’Argentin Daniel Araoz a reçu le prix d’interprétation masculine pour Una espece de familia. Et le syndicat de la Critique a remarqué le film vénézuélien La Soledad de Jorge Thielen Armand.

feijoada

Après toutes ces émotions, place aux festivités, entre cours de salsa, caïpirinhas et plats brésiliens (ici Feijoada: haricots rouges, piments, saucisses et riz !).

Mariana (Los Perros) de Marcela Said, Chili, 94 minutes, avec Antonia Zegers, Alfredo Castro, Rafael Spregelburd. Festival Biarritz Amérique latine, Prix du Jury.

visuels: affiche officielle du festival; photo officielle du film Mariana; photo d’un plat de Feijoada mangé par ©Olivia Leboyer.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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