[Critique] « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » Clavier et Lauby dans un feel good rassembleur franchement drôle
Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ne ressemble en rien à Intouchables. Pure comédie ne cherchant pas vraiment l’émotion, le film est un véhicule pour un excellent script comique, rythmé, cherchant la vanne et le gag en permanence, servi par un Christian Clavier en grande forme.
[rating=3]
Synopsis officiel: Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie catholique provinciale sont des parents plutôt “vieille France”. Mais ils se sont toujours obligés à faire preuve d’ouverture d’esprit…Les pilules furent cependant bien difficiles à avaler quand leur première fille épousa un musulman, leur seconde un juif et leur troisième un chinois.Leurs espoirs de voir enfin l’une d’elles se marier à l’église se cristallisent donc sur la cadette, qui, alléluia, vient de rencontrer un bon catholique.
On vous a déjà parlé ici plusieurs fois de l’évolution du cinéma de la diversité en France. Amené par des films « communautaires » sur le Portugal, le Maroc, l’Algérie, l’Afrique noire, les Antilles. Qu-est-ce-qu’on a fait au bon dieu a clairement compris la tendance et mélange toutes les communautés, les âges, les milieux sociaux dans un même film. En cherchant à la fois un humour traditionnel à la française incarné par Christian Clavier, et un humour plus proche du Jamel Comedy Club ou du duo Eboué/Njigol (le récent Crocodile du Botswanga). Le film cherche le contemporain sans s’essayer à la modernité. Avec une réelle efficacité comique mais aussi une paresse dans la réalisation, la direction d’acteurs et notamment les seconds rôles féminins (le clan des quatre filles ne tient pas la route en dehors de l’émotive compulsive assez croustillante).
Pas de talent derrière la réalisation mais un script au rythme rarement égalé dans la production comique populaire française. Réduisant l’émotion à portion congrue (et heureusement !), le film cherche avant tout à faire rire en mobilisant tout un attirail de trouvailles, de répliques, de situations et en piochant dans différentes traditions. Le burlesque, le quiproquo, le geste, la vanne. En accumulant les références à la fois culturelles et les clins d’œil à l’’actualité. Dans ce bordel assez jouissif, certains moments tombent à plat mais la générosité de l’ensemble permet toujours de rattraper ile moment un peu plus faible ou la réplique mal vendue. Le film peut surtout compter sur deux routiers de la comédie, des habitués entrés dans le cœur des français depuis longtemps et qui forcent ici le respect.
Chantal Lauby reprend quasi intégralement sa prestation de La Cage Dorée avec l’effet de surprise en moins mais un vrai plaisir de jouer. Christian Clavier rappelle qu’il est le patron, seul acteur à avoir jouer dans une dizaine de films devenus cultes, et qui se mélange parfaitement à la nouvelle génération comme il l’avait démontré avec son excellent rôle dans le très moyen Les Profs. Il trouve en Pascal N Zonzi un partenaire à sa hauteur et leurs joutes, mimiques et complicité immédiate resteront dans les mémoires. Qu’est-ce-qu’on a fait au bon dieu est un film moyen mais un excellent moment de comédie, qui fait franchement rire, à différents moments selon le public, ce qui rend l’expérience de la salle passionnante. Vraie ode à la France métissée sachant s’amuser des racismes, religieux et communautaires, il fait un bien fou et le succès populaire massif qui s’est annoncé dès mercredi rassure.
Gilles Hérail
Qu’est-ce-qu’on a fait au bon dieu, un film de Philippe De Chauveron avec Christian Clavier et Chantal Lauby, durée 1H37, sortie le 16 avril 2014