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[Critique] « Difret » film pédagogique et sobre sur le droit des femmes en Ethiopie, produit par Angelina Jolie

[Critique] « Difret » film pédagogique et sobre sur le droit des femmes en Ethiopie, produit par Angelina Jolie

11 July 2015 | PAR Gilles Herail

Difret parle avec force du combat pour le droit des femmes en Ethiopie, en suivant le parcours d’une jeune fille risquant la mort après s’être défendue contre son agresseur. Produit par Angelina Jolie, le film de Zeresenay Mehari mérite le coup d’œil en revenant sur les débuts du combat féministe en Afrique dans les années 1990. Sobre, pédagogique et instructif.

[rating=3]

Synopsis officiel : A trois heures de route d’Addis Abeba, Hirut, 14 ans, est kidnappée sur le chemin de l’école: une tradition ancestrale veut que les hommes enlèvent celles qu’ils veulent épouser. Mais Hirut réussit à s’échapper en tuant son agresseur. Accusée de meurtre, elle est défendue par une jeune avocate, pionnière du droit des femmes en Ethiopie. Leur combat pour la justice commence, mais peut-on défier une des plus anciennes traditions ?

Difret a vu le jour et parcouru le monde grâce au soutien de sa productrice Angelina Jolie, connue pour son engagement militant pour le droit des femmes dans les pays en développement. On ressent cette patte américaine, avec cette figure figure d’héroïne militante dont raffolent les festivaliers (le film a été présenté à Sundance et à Berlin). Mais il ne faudrait pas réduire ce film éthiopien de qualité à un produit bien-pensant du cinéma indépendant. La thématique des mariages forcés par enlèvement est abordée de front, sans se complaire dans la violence mais sans l’éviter. La jeune fille accusée du meurtre de son ravisseur n’agit pas comme une héroïne et reste mutique pendant une bonne partie du film, en prise à des enjeux qui la dépassent. Car son affaire va devenir le symbole de la lutte naissante pour le droit des femmes en Ethiopie. Grâce à l’implication d’une avocate militante et de son association de défense des femmes victimes d’abus.

Difret parle très bien de la difficulté de se battre contre le poids de la tradition, dans un pays émergent très inégalement développé, profondément divisé entre zones urbaines et zones rurales. Où parler du droit des femmes revient à attaquer l’organisation ancestrale de villages mis en danger par l’urbanisation. Le film revient sur l’histoire de la reconnaissance du droit de légitime-défense pour les femmes. Obtenu après un combat de longue haleine, allant jusqu’à attaquer le ministère de la justice éthiopien devant la cour suprême régionale. Une avancée qui a précédé la pénalisation en 2004 des mariages forcés par enlèvement. Pédagogique et sobre, Difret évoque avec une certaine force le combat des militants engagés pour l’égalité homme-femme. En rappelant également que l’obscurantisme et les pratiques rétrogrades qu’il promeut ne sont pas l’apanage d’une seule religion ou d’une seule culture.

Gilles Hérail

Difret, , un drame éthiopien de Zeresenay Mehari avec Meron Getnet, Tizita Hagere et Haregewine Assefa, durée 1h39, sortie le 8 juillet 2015


Visuels : © Bande-annonce et visuels officiels.

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