Van Dongen, l’explosion des couleurs chaudes
Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris offre au plus parisien des peintres hollandais une exposition magistrale dont le fil est la société, des bas-fonds aux salons chics. Les jaunes sont moutardes, les rouges sombres, les cheveux bleus, le détail soigné. Feu d’artifice.
Le parcours, thématique, donne à voir 90 peintures, dessins et un ensemble de céramiques. Le cheminement part d’une œuvre sombre et forte où l’artiste croque les rues de Rottterdam,.On y découvre le fauviste dessinateur, ce qu’il a toujours cherché à cacher voulant faire croire à un succès fulgurant. La couleur arrive vite pourtant, dès 1905, pour la technique elle est encore impressionniste, mais Van Dongnen ajoute à ses tableaux des reliefs par touches parfois imposantes comme dans « Le lustre ».
La majeure partie de l’exposition insiste sur les années parisiennes même si les voyages, au Maroc, en Espagne nous font saisir où Kees Van Dongen a appris l’intensité des yeux noirs ourlés de khôl.
Dans les salons, à Montparnasse notamment, on trouvera plaisant la mise en abyme “d’Amusement” ( 1914) où l’on retrouve accroché au mur « Marchande d’herbe et d’amour » peint l’année précédente.Le charleston semble sortir des toiles où les belles dames aux tenues chics et aux chaussures colorées prennent la pause. Les toiles présentées sont des grands formats et les personnages attirent le visiteur comme un aimant « La nuit », tableau onirique représentant un rêve où une femme aux reflets émeraude semble flotter , « le Tango » dont se dégage du désir et de la chaleur . En ce qui concerne les portraits, les regards sont vifs, pleins d’émotions. Les bijoux sont chics à l’image des lieux que le peintre aime fréquenter avec les artistes les plus en vue, tel Apollinaire.
Définitivement, ces sujets semblent vivants. Cet effet est d’autant plus fort que Van Dongen ne cherche pas le réalisme. Les femmes ont la peau verte, les yeux rouges, les cheveux violets et jamais cela n’apparait comme autre chose qu’évident.
« Van Dongen, fauve, anarchiste et mondain » est un florilège de couleurs et d’intensité, où la beauté des sujets et la finesse du trait ne peuvent que faire de cette exposition un must du printemps.
(c) Le doigt sur la joue, 1910