
Paint it Black : le Plateau présente en noir et blanc les nouvelles acquisitions du FRAC île de France
Si du côté du FRAC Haute-Normandie, c’est la couleur qui est à l’honneur, jusqu’au 12 mai, dans les hauteurs des Buttes Chaumont l’accueillant Plateau met en “valeurs” ses dernières acquisitions. Un joli voyage au pays où les couleurs disparaissent pour laisser place à une saine réflexion. Entrée libre!
Réunissant des œuvres de Dove Allouche, Iñaki Bonillas, Nina Canell, Mario Garcia Torres, Francesco Gennari, Pierre Huyghe, Joachim Koester, Bertrand Lamarche, Annika Larsson & Augustin Maurs, Benoît Maire, Ralph Eugene Meatyard, Helen Mirra, Olaf Nicolai, Gianni Pettena, Evariste Richer, Ben Rivers, Margaret Salmon, Bettina Samson et Wolfgang Tillmans, “Paint it Black” parle très peu des Stones. Xavier Franceschi, le commissaire de l’exposition a fait le choix de présenter les dernières acquisitions du FRAC Île-de-France selon cette thématique large mais exigeante. Un parcours rythmé par des partitions retravaillées par des plasticiens (Pierre Huygues, Olaf Nicolai, Nina Cannel) et qui fonctionne vraiment bien, puisque chacune des œuvres présentées a sa part d’ombre, qui lui sert également de point d’Archimède. Et que toutes, en oubliant la couleur, semblent dissoudre les frontières entre paysage et portrait…
On entre dans l’exposition par une partition de fameux 4.33 de John Cage reprise par Pierre Huygues (Silent score, 1997) et l’on en sort par un paysage abstrait de Wolfgang Tillmans (Die Schwärze, 2007), revenu aux montagnes magiques après avoir immortalisé en photos son milieu social palpitant, dans les années 1990. Parmi les découvertes de ce périple dans la variation sombre, les gouffres de Dove Allouche interpellent, quand ils traversent les frontières entre photo et dessin à la mine de crayon (Les fumeurs noirs, 2010 / Au soleil de la mer noire, 2010). Les expérimentations photographiques de Bettina Samson sur la lumière naturellement dégagée par l’uranium sont fascinantes. Les quêtes de Mario Garcio Torres sur Boetti (qui va jusqu’à Kaboul) et de Inaki Bonillas sur son grand-père fans de westerns nous font voyager. Les nuages en couvertures d’hôpital (Wolke, 2006), de Helen Mirra rappellent l’Arte Povera et Joseph Beuys. En final, les variations d’un des finalistes du prix Marcel Duchamp 2012, Betrand Lamarche, joue sur un tourne disque où se répéte de manière hypnotique un sillon de Karte Bush. Enfin, dans les découvertes rétro de cette peinture noire, l’on découvre l’œuvre aussi profonde que décalée du photographe américain (et ancien opticien) Ralph Eugène Meatyard, qui a su créer un univers étrangement inquiétant dans les milieux ruraux des années 1950.
Une exposition coup de cœur, qu’on peut visiter dans le calme le week-end, délicieusement accompagnée par des commentaires des médiatrices culturelles sur les œuvres. Les dimanches 24 mars et 21 avril, c’est le commissaire de l’exposition, Xavier Franceschi, qui fera la visite. Enfin, ne manquez pas la rencontre autour de l’œuvre présentée par Bertrand Lamarche dans l’exposition, le jeudi 25 avril à 19h30.
Image : Margaret Salmon, PS, 2012, Collection Frac Île-de-France © Margaret Salmon