
Mimmo Jodice révèle les yeux du Louvre à travers les âges
Après Jean-Luc Moulène en 2005 et Candida Höfer en 2006, c’est au tour du photographe napolitain Mimmo Jodice d’investir le Louvre avec ses clichés. Dans la salle de la maquette de l’aile Sully, l’artiste poursuit son travail sur le téléscopage des époques commencé au Musée Capodimonte de Naples avec “Transiti” (2008), en fixant sur une même ligne les regards de personnages de tableaux du Louvre et ceux de personnes vivantes travaillant dans le grand Musée. Cette grande ronde d’yeux sur les quatre murs de la salle ouverts suit le visiteur comme la ligne inflexible des temps.
A hauteur d’homme et grandis à la hauteur d’1 m, ces visages des temps mêlés exercent une surveillance qui se fait fascination. Jodice juxtapose des personnages de tableaux des 18 et 19e siècle avec des portraits de vivants travaillant au Musée (des stagiaires, surveillants, au Président-directeur Henri Loyrette). Ainsi, à côté du visage de la peintre Elisabeth Vigée-Lebrun, l’on trouve celui de Claire Chalvet, directrice d’exposition. Leurs yeux nous fixent, dans une danse placide qui réfléchit en abyme sur l’art du portrait, autrefois peint et aujourd’hui majoritairement photographique. Après le projet de Christian Boltanski et Jacques Rouvaud, “Les habitants du Louvre“, Jodice relève le défi de dépoussiérer l’Histoire pour retrouver entre les couches du temps, comme des perles, les âmes et les yeux de ceux et celles qui sont les pierres angulaires de ce lieu exceptionnel.
© Mimmo Jodice – Musée du Louvre 2011