L’avant-garde au galop
Avec pour couverture le Cheval bleu de Franz Marc, un des tableaux les plus remarquables de ce mouvement, le livre sur le Cavalier Bleu est une des dernières parutions des éditions Taschen.
Basé à Munich et cofondé par le Russe Vassili Kandinsky et l’Allemand Franz Marc, ce mouvement rattaché à l’expressionnisme fut donc, comme quasiment toutes les autres avant-gardes de la même époque, un courant international, curieux des autres courants de la modernité et directement influencé par les précurseurs post-impressionnistes issus de Gauguin notamment.
L’intérêt de cet ouvrage, sorti début juin alors que se poursuivait l’exposition Kandinsky à Beaubourg, est de rendre hommage à cette avant-garde, ouverte aux influences contemporaines extérieures (orphisme et futurisme surtout), plurielle dans ses expressions. Mais aussi et peut-être surtout, en fil rouge, d’observer l’émergence de l’abstraction, d’abord chez Kandinsky – incité dans l’affranchissement du sujet par la vision de l’une des Meules de Monet -, puis chez Marc.
Comme souvent, l’introduction du livre, synthétique, est très éclairante, embrassant le contexte historique, intellectuel et artistique. Le choix d’œuvres est également assez pertinent, quoique leur ordonnancement – chronologique plutôt que par artiste – l’est peut-être moins. Si les textes présentant certaines toiles abstraites ne sont pas exempts de l’arbitraire interprétatif digne d’un patient face au test de Rorschach, ils révèlent aussi les aspirations mystiques – fussent-elles parfois grotesques – de ces artistes. Des artistes dont l’art exprimait une marotte parcourant toute la modernité : le fantasme d’un retour à la primitivité, d’une communion mystique avec la nature, d’un ailleurs où fuir le monde corrompu des métropoles – expression possible du rêve anthropologique de l’Âge d’or et du Paradis perdu.