
Journal d’un Génie : Dali, l’homme et l’artiste bientôt au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou dévoile le programme de l’une de ses expositions phares de cette rentrée 2012 : le 21 novembre prochain les salles du sixième niveau transporteront les spectateurs au coeur de l’oeuvre de Salvador Dali. Un évènement très attendu, mais non sans méfiance face à la difficulté de présenter l’oeuvre d’un artiste dont tout semblait avoir été dit.
Dali n’est pas inconnu des lieux. En 1979, une première rétrospective lui avait été consacrée. Aussi, l’exposition ne pouvait échapper à cette question : que proposer de plus en réalisant une seconde rétrospective ? Pour les commissaires, Jean-Hubert Martin, Montse Aguer, Thierry Dufrêne et Jean-Michel Bouhours, la différence tient avant tout aux circonstances, l’absence de Dali (présent lors de la rétrospective de 1979) devenant un gage d’objectivité. C’est un nouveau regard que prétend ainsi poser le Centre Pompidou sur l’oeuvre de l’espagnol. Insistant sur son importante production cinématographique, son rapport aux mass média, mais aussi sur sa personnalité, l’exposition ne se cantonne plus à la présentation de sa seule production picturale, témoignant de la grande complexité de son art.
A travers sept sections chrono-thématiques, depuis ses débuts surréalistes jusqu’aux “grandes machines”, ses influences autant que sa postérité auront une place privilégiée, l’omniprésence du film, des montages ou des photographies témoignant d’un Dali pionnier de la performance. “Nous montrerons toute son oeuvre” insiste Thierry Dufrêne. Ainsi, l’exposition témoignera non seulement de ses relations amoureuses, en particulier avec Gala, mais aussi de ses relations, parfois troubles, au milieu politique et au pouvoir absolu, en une section consacrée aux Mythes et à l’Histoire.
La scénographie quant à elle, entend reproduire le souhait même de l’artiste d’embrasser d’un seul regard l’ensemble de l’exposition. Ainsi, tentant de dégager autant que possible le centre des pièces, il s’agissait pour Laurence Le Bris, aux côtés d’Oscar Tusquets, un proche de Dali, de créer un espace ouvert en privilégiant un accrochage périphérique des oeuvres de grand format. Mais, afin de loger les tableaux de petit format, les sculptures, ou permettre la projection de films, l’espace vide central a finalement été sacrifié au profit d’un dispositif en diagonal. Toutefois, si le souhait de Dali n’est pas scrupuleusement respecté, l’essence même de son oeuvre apparaîtra à travers l’orchestration du parcours. Le spectateur sera ainsi invité à pénétrer dans une salle de forme ovoïde, symbolisant l’origine, pour finalement quitter l’exposition par une salle labyrinthique, image du cerveau de l’artiste. “Entrer comme corps et sortir comme esprit”, tel est le cheminement que Dali entendait transmettre à son public, qui de la sensation de l’oeuvre, devait atteindre l’intelligible.
L’institution s’attaque ainsi une nouvelle fois à l’un des artistes les plus connus du grand public, celui dont l’exposition de 1979 fit le plus grand nombre d’entrées. Les oeuvres les plus fameuses, telles que La persistance du temps ou encore Le spectre du sex-appeal, seront ainsi présentées, aux côtés d’oeuvres moins connues, dont de nombreux petits formats et témoignages littéraires de sa production cinématographique, le pari du Centre Pompidou consistant à poser un nouveau regard sur l’une des oeuvres les plus excentriques, complexes, et prolifiques du XXème siècle.
Crédits photo :
SALVADOR DALÍ Le spectre du sexappeal, vers 1934 Huile sur bois – 17,9 x 13,9 cm Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dali, Fundació Gala-Salvador Dali, © Adagp Paris 2012
SALVADOR DALÍ Étude pour « Le Miel est plus douce que la sang » [sic], , 1926 Huile sur bois – 37,8 x 46,2 cm Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dali, Fundació Gala-Salvador Dali, © Adagp, Figueres, Paris 2012
SALVADOR DALÍ Sans Titre. « Queue d’aronde » et violoncelles, 1983 Huile sur toile – 73,2 x 92,2 cm Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dali, Fundació Gala-Salvador Dali, ADAGP, Figueres, Paris 2012
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3 thoughts on “Journal d’un Génie : Dali, l’homme et l’artiste bientôt au Centre Pompidou”
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bonny
Je ne comprend pas ce point de vue :
“En 1979, une première rétrospective lui avait été consacrée. Aussi, l’exposition ne pouvait échapper à cette question : que proposer de plus en réalisant une seconde rétrospective ?”
Ainsi si une exposition a été montée il y a 33 ans. On n’a plus le droit de voir les oeuvres ? Quid des jeunes gens ? De ceux qui n’étaient pas parisiens à l’époque ? De ceux qui n’ont pas pu entrer ? De ceux qui voufraient bien les revoir ?
Diane Zorzi
Tout d’abord je vous remercie pour cette lecture attentive. Il s’agit effectivement d’un point de vue, comme vous l’avez fait remarquer. Il me semble que contrairement à un musée, une exposition ne doit pas se contenter de présenter des oeuvres, mais de proposer un certain regard sur elles. Il est donc légitime de se demander ce qu’il y aura de nouveau par rapport aux précédentes expositions. Vous pouvez d’ailleurs consulter les multiples interviews des commissaires de l’exposition qui ne cessent de présenter leur travail par rapport à cette fameuse rétrospective de 1979. Mais il est également tout à fait possible de se rendre à une exposition avec le seul souhait de découvrir des oeuvres qui sans cet évènement nous resteraient inaccessibles géographiquement.