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Michel Haas, à la recherche de l’essentiel

Michel Haas, à la recherche de l’essentiel

15 May 2023 | PAR Laetitia Larralde

La galerie Dina Vierny nous propose une rétrospective de l’artiste Michel Haas dans plusieurs lieux et aux points d’entrée multiples. L’occasion de (re)découvrir un artiste qui a cherché ses motifs au plus profond du papier.

Fondée en 1947 par Dina Vierny, dernier modèle d’Aristide Maillol, la galerie Dina Vierny, aujourd’hui dirigée par ses petits-fils Pierre et Alexandre Lorquin, consacre une exposition rétrospective à Michel Haas. Les liens entre la galerie et l’artiste ne sont pas nouveaux : en effet, les deux frères l’ont connu très tôt, lors de l’exposition qui lui a été consacrée en 1998 au musée Maillol, lui aussi fondé par Dina Vierny. La galerie représente maintenant la succession Michel Haas (1934-2019), après avoir représenté l’artiste de son vivant.

Cette rétrospective se déploie dans plusieurs lieux : dans la galerie du 36 rue Jacob, dans un espace éphémère de la rue Visconti (malheureusement uniquement visible jusqu’au 13 mai), dans la galerie de l’espace culturel l’Entrepôt près de Montparnasse, et sur les écrans de cinéma. On aborde ainsi l’œuvre de Michel Haas par différentes entrées, et par les regards de différentes personnes.

Rue Jacob et rue Visconti, ce sont les regards des galeristes, auxquels s’ajoute celui de Baptiste Brun, auteur du catalogue de l’exposition, qui composent une approche chronologique. Sur les murs en bois pensés par Auguste Perret de la rue Jacob, les œuvres de 1978 à 1995 sont présentées tandis que l’espace blanc de la rue Visconti accueillait les œuvres de 1980 à 2019. Ces deux types de cimaises accompagnent l’évolution des œuvres et la disparition progressive de leurs fonds, ce qui concentre l’œuvre sur l’essentiel : la silhouette, la trace de l’être.

Michel Haas a commencé son parcours par la philosophie, pour s’orienter ensuite vers l’art, mais sans perdre l’habitude d’intellectualiser sa démarche, pourtant au plus près de la main et de la matière. Marqué par les peintures pariétales et par l’image d’un champ de terre labourée, Michel Haas cherche en effet à faire remonter à la surface du papier l’essence même de son motif. Il ne travaille pas sur le papier, il creuse dans le papier avec ses mains, ses pigments et beaucoup d’eau. Ce faisant, il se positionne dans la lignée créatrice des artistes préhistoriques, dans un geste dépouillé de tout superflu, primal.

Michel Haas s’intéresse au vivant, et principalement aux êtres humains, même si l’on trouve dans ses œuvres des bouquets de fleurs ou des chats, de ceux qui peuplaient son atelier. Ici, pas de grande scène héroïque, pas de drame, mais la trivialité du quotidien. Les personnages sont en mouvement, interagissent entre eux, font des courses, du vélo, s’embrassent, pêchent : l’artiste représente la matière première qui constitue la vie.

A l’Entrepôt, on peut découvrir une sélection de ses gravures sur cuivre. Avec toujours la même démarche, il attaque la matière en taille directe, dans un corps à corps avec le métal qui se termine lui aussi sur le papier, son support de prédilection. En parallèle, le cinéma de l’Entrepôt diffuse le film On a eu la journée, bonsoir de la réalisatrice Narimane Mari, femme de Michel Haas. Dans ce documentaire sorti début mai 2023, on observe l’artiste en train de créer, le papier au sol, entouré de pastels, chantant tout en faisant comme sortir de terre ses silhouettes, comme un alchimiste. Ainsi, par ce regard intime, on entre au cœur de la création et l’œuvre de Michel Haas prend une nouvelle dimension.

Michel Haas – Pister la vie
Du 05 mai au 24 juin 2023
Galerie Dina Vierny – 36 rue Jacob – Paris 6

Michel Haas – gravures
Du 12 mai au 09 juin 2023
L’Entrepôt – 7 rue Francis de Pressensé – Paris 14

Visuels : 1- Michel Haas, Couple, non daté, technique mixte sur papier, courtesy Galerie Dina Vierny © Jean-Louis Losi / 2- vue de l’exposition Michel Haas rue Jacob © Romain Darnaud / 3- vue de l’exposition Michel Haas rue Visconti © Romain Darnaud / 4- Affiche du film On a eu la journée, bonsoir de Narimane Mari, 2022 © tous droits réservés

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Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

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