La fabrique des icônes à la galerie Argentic à Paris : légendes fardées pour l’éternité

La Galerie Argentic, nouvelle galerie installée rue Daubenton, tout près de la très touristique rue Mouffetard à Paris, propose jusqu’au 20 juin une exposition sur les photographies de presse retouchées de célèbres personnalités du XXè siècle.

Photoshop peut aller se refaire une beauté… Dés le début du XXè siècle, la photographie de presse passe déjà par la case retouche. Et l’excellente exposition La Fabrique des icônes de la galerie Argentic jusqu’au 20 juin ne contredit pas cette évidence. Clark Gable, Ava Gardner, Humphrey Bogart, Charlie Chaplin, Ginger Rogers, Fidel Castro, Fernandel, Jean Gabin, Michel Simon, Robert Stack de la série Les Incorruptibles, Hirohito… Toutes les célébrités ont eu droit à leurs retouches pour les montrer sous leur meilleur jour car la trentaine de photographies de presse dévoilées à la Galerie Argentic sont dans leur grande majorité des clichés promotionnels.

Ces photographies sont issues de la collection du réalisateur Raynal Pellicer. Tout a commencé en 2009 lors de l’écriture de l’ouvrage Présumés Coupables. Il découvre alors dans les archives en ligne de la Library of Congress de Washington deux portraits anthropométriques de deux mafieux, Lucky Luciano et Meyer Lansky, deux photos judiciaires retouchées afin d’être diffusées dans la presse. Après des mois de recherche et la récupération notamment des fonds iconographiques des journaux américains en grande difficulté financière, et qui bradent leur patrimoine photographique pour sauver leur entreprise, Raynal Pellicer constitue une collection d’une centaine de photographies de presse retouchées. Une partie de cette riche et belle collection est présentée en 2013 lors des Rencontres de la photographie d’Arles.

Dans cette exposition, on découvre que le moindre détail peut être retouché, remanié, rajouté ou enlevé, les chevelures, les silhouettes, les cadres… Dans les années 40, les retoucheurs peuvent même recouvrir une cigarette que l’on ne saurait voir à la bouche d’Humphrey Bogart. Qu’importe si le héros du Port de l’Angoisse est démuni de sa fiancée en tabac… La peinture grise cache les volutes de fumée.

Pour mener à bien ces retouches les outils ne manquent pas. Gouache, correcteurs liquides, encre, pinceau et aérographe… La palette est large pour faire de ces icônes des personnes impeccables sur lesquelles sont refoulées le temps qui passe et les imperfections. Car si la photographie retouchée a encore le regard en noir et blanc elle rentre dans l’histoire.

Christophe Dard

INFORMATIONS PRATIQUES :
La fabrique des icônes. La photographie de presse retouchée 1910-1970
Jusqu’au 20 juin 2015
Galerie Argentic
43 Rue Daubenton 75005 Paris
Ouverte du mardi au samedi de 15h à 19h
www.argentic.fr

Visuel en une :
Humphrey Bogart – 1949
Tirage argentique vintage retouché à la main, 20 x 25 cm. Pièce unique. Courtesy Argentic.