
Retrouver Pierre Dac au Mahj
Avec pour sous-titre “du côté d’ailleurs” et organisée par Anne-Hélène Hoog et Jacques Pessis, l’exposition Pierre Dac au Mahj permet de renouer avec un humour et un homme qui ont marqué leur temps et ont laissé leur empreinte sur le notre.
Pour lire notre interview du co-commissaire Jacques Pessis, c’est ici.
A travers une belle scénographie franchement colorée et des “pensées” merveilleusement (a)graphées aux murs, l’exposition Pierre Dac nous invite à la rencontre de l’homme, né André Isaac dans l’Est de la France et mort en 1975. La première partie de l’exposition retrace la mort du frère à la Première Guerre mondiale, les débuts dans les cabarets, mais l’on entre pleinement dans le vif du sujet qu’avec la figure du Résistant et du patriote. Le fondateur de l’Os à moelle, qui quitte la bonhomie des “furieux” pour s’attaquer de toute son encre à Hitler et accompagner les soldats français lors de la drôle de guerre.
“Most wanted” cette figure publique d’opposition attaquée par Philippe Henriot comme juif et qui lui répond par le mythique “Bagatelle pour un tombeau” parvient à devenir l’homme de Radio Londres. Il rejoint “Les Français parlent aux Français” en 1943. L’exposition montre la blessure de la Guerre à travers la participation à la version française de la pièce de Peter Weiss, L’instruction, à la Commune. Mais aussi après sa traversée du désert et l’échec de l’Os libre, le duo avec Francis Blanche, et Signé Furax et puis en des temps dur le succès du M.O.U. où gravitent René Goscinny, Jean Yanne et Jacques Martin.
La fin de l’exposition met en lumière l’héritage de Pierre Dac, inventeur du Schmilblick, l’objet qui ne sert à rien, pour l’émission Bons baisers de partout et repris par Guy Lux et Coluche. Evidemment maître des mots (3000 aphorismes!) il a inspiré aussi bien Pierre Desproges que Michaël Hirsch. Homme blessé, homme élégant, homme soutenu par sa femme, c’est sur une note intime que l’exposition se termine aussi avant de nous enjoindre de voir dans un petit cinéma certains canulars cultes.
Terriblement riche, très humaine, pensée pour nous montrer le portrait d’un homme résistant, patriote, décoré pour sa résistance comme journaliste, humoriste et reporter résonne forcément avec l’actualité en plein procès Charlie. Il faut se perdre dans les deux étages du Mahj et se laisser le temps de lire, voir et entendre les mots et le visage impassible qui construisent l’univers inoxydable de Pierre Dac.
Visuel : affiche de l’exposition.