
Prenez l’air de La Défense avec “Les Extatiques”
Pour sa deuxième édition, le festival Les Extatiques choisit le thème de l’air pour sa déambulation artistique. L’occasion de redécouvrir le quartier de La Défense.
Les Extatiques, qui fêtaient l’année dernière les soixante ans de la Défense, revient cette année avec dix œuvres monumentales d’art contemporain. Ce que l’on sait peu, c’est que La Défense est le premier parc de sculpture contemporaine en Europe. La commande artistique a accompagné le développement du quartier, et c’est aujourd’hui un ensemble de soixante-neuf œuvres qui occupent l’Esplanade. Joan Miró, Alexander Calder, Jean -Pierre Raynaud, Richard Serra, Takis, ou encore César, les grands noms sont là. Les Extatiques s’insère donc naturellement dans cette politique en augmentant sa collection le temps d’un été.
Le thème de cette édition est « l’art au grand air ». Le plus important quartier d’affaires d’Europe est aussi un espace piéton gigantesque, le trafic étant relégué sous la dalle. Sans aucune voiture, on déambule entre les gratte-ciels sur l’esplanade toujours très ventée pendant que dans les tours, d’autres travaillent au niveau des nuages. Le commissaire Fabrice Bousteau a donc proposé à des artistes de jouer avec l’air. Sculptures gonflables, aériennes ou qui s’envolent, les réponses sont variées.
La promenade commence au bassin Takis, à l’extrémité de l’Esplanade opposée à la Grande Arche, avec l’installation poétique de Fujiko Nakaya, Fog sculpture #07156. Une brume est créée sur le bassin et ondoie entre les sculptures au rythme du vent, répandant son brouillard parfois opaque sur les pourtours piétons, nous faisant perdre un instant nos repères.
Deux sculptures gonflables sont présentées : Breathing flower de Choi Jeong Hwa et Octopied-building de Designs in air. La première est un lotus en tissu qui semble respirer, nature artificielle qui évoque la disparition des espèces, que l’on ne connaîtra plus sous leur forme originelle. La seconde est l’occupation d’un immeuble en chantier par d’immenses tentacules colorés qui s’échappent des fenêtres et se reflètent dans celles des gratte-ciels environnants pour un jeu de miroirs pop.
Philippe Ramette propose deux sculptures en bronze qui semblent toutes les deux plus légères que l’air. Une balançoire géante est figée dans sa position ascendante, comme si son occupant venait d’être propulsé dans les airs, et plus loin une chaise est retenue par des cordes pour éviter de s’envoler. L’esprit a du mal à imaginer que ces sculptures soient en bronze tant l’impression qu’elles flottent est présente. L’espace d’un instant on se laisse aller à ce quiproquo visuel.
On croise également trente panneaux publicitaires qui accueillent des photographies et des reproductions d’œuvres aillant l’air pour thème, la voiture-lampadaire de Benedetto Bufalino en face de la tour Total et les moulins à vent de Pierre Ardouvin qui complètent le parcours contemporain.
Le festival s’est ouvert sur une performance du collectif malaisien Pangrok Sulap qui réhabilite la gravure sur bois tout en ayant un engagement politique fort. Invité à séjourner à La Défense, ils ont créé trois images représentant le quartier qu’ils ont imprimé sur tissu lors d’une célébration où le public a participé à l’impression en marchant sur les plaques posées au sol au rythme de la musique malaisienne.
Deuxième performance de l’été, Tadao Cern installera son studio les 19 et 20 juillet sur l’Esplanade de La Défense, place des Reflets, et invitera le public à poser et repartir avec son portrait, réalisé dans la lignée de sa série Blow job. Vingt seront sélectionnés et exposés sur place jusqu’à la fin du festival.
Complété par des afterworks et des food trucks sur le Parvis, Les Extatiques insuffle un supplément de vie dans un quartier qui n’est plus uniquement tourné vers les affaires.
Les extatiques – L’art au grand air
Du 27 juin au 6 octobre 2019
Paris La Défense
Visuels : photos L.Larralde