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[Liège] La Boverie rouvre ses portes étendues par Rudy Ricciotti avec une exposition du Louvre

[Liège] La Boverie rouvre ses portes étendues par Rudy Ricciotti avec une exposition du Louvre

06 May 2016 | PAR Yaël Hirsch

Ce mercredi 4 mai 2016, les échevins, le maire et la population de Liège était réunie au musée des arts de La Boverie pour la réouverture de ce grand bâtiment posé dans le parc du même nom, agrandi par une extension en béton et en verre signée par l’architecte Rudy Ricciotti et qui ouvre le musée sur la nature. L’exposition temporelle inaugurale qui se mêle à ce vert printanier est co-signée par le Louvre et propose une promenade champêtre “en plein air” imaginée par Vincent Pomarède, responsable des directions transversales du Louvre. Ricciotti et Pomarède nous ont eux-même promenés dans le très beau musée qui vient parachever le grand axe architectural en cours à Liège.

La Boverie rénovée est l’achèvement du grand axe liégeois dans le quartier des Guillemins.

Après la gare dessinée par Santiago Calatrava, la passerelle “La belle Liégeoise” du cabinet Greisch mène au musée de la Boverie étendu par le maître d’oeuvre du Mucem, Rudy Ricciotti.

Avec sa verve habituelle, l’architecte est venu présenter son oeuvre, grande structure de verre de 800 m² de surface vitrée ouvrant le bâtiment sur le parc et de longue colonne en béton faisant penser à des arbres stylisés. Disant avoir apporté à la Boverie le “bleu cobalt et l’iode qui signent la présence métaphysique de la méditerrannée”, l’architecte a dit avoir respecté ce bâtiment construit pour l’exposition universelle de 1905 et être  allé chercher dans ses fondements le principe innovant de soutient de son annexe de 12 000 m² : “C’est un hommage à la structure cachée du bâtiment” explique l’architecte qui ajoute : « Dans mon imaginaire chrétien culpabilisé, je ne mets pas les pieds sur la table : je ne rase pas un bâtiment du passé ». Fustigeant à la fois « les cultureux », le minimalisme en architecture qu’il a comparé au salafisme par le biais de « l’interdiction du récit et l’exil de la beauté » et les architectes anglo-saxons qu’il trouve « arrogants », Rudy Ricciotti a fait le show avec grâce, intarissable et menant un groupe de journalistes heurtés ou ravis dans tous les espaces du musée.

Alors que Louvre accompagne la ville de Liège pour trois expositions entre 2016 et 2018, la première collaboration, effectuée sous la houlette de s’intitule « En plein air » et entre en résonance avec la manière dont l’architecture de Ricciotti ouvre La Boverie sur le parc. Imaginée de manière à la fois chronologique et thématique, à partir de prêts venus de nombreux musées et des collectionneurs privés, cette exposition inaugurale montre principalement des toiles du 19e et du 20e siècle où le rapport de l’homme à la nature est interrogé : Monnet, Marquet, Corot, Denis, Utrillo, Bonnard, mais aussi Fernand Léger, Othon Friesz, Pablo Picasso, Alain jacquet et Martin Parr sont mobilisés pour une scénographie un peu serrée et austère (Ricciotti l’a carrément traitée de « scandaleuse ») qui convie parcs, jardins, bords de l’eau et plage à une alignement où la lumière semble parfois manquer un peu. Au cœur du nouvel espace imaginé par Rudy Ricciotti « comme une salle de fêtes », deux cubes sont isolés qui servent de salles d’exposition sur la famille et la fenêtre (le cube ayant une fente ouverte sur la Meuse). Le tout forme un ensemble intéressant, avec beaucoup de « petits » maîtres moins connus (Louis Carrogis, Alexandre-François Desportes, Charles-François d’Aubigny, Francisque Poulbot) qu’on voudrait nous faire connaître mais reste un peu terne pour un ouvrage du prestigieux Louvre. On a plus l’impression d’évoluer dans une galerie très historique du Musée Carnavalet.

Les collections permanentes : la réunion de 4 sources.

Ce ne sont pas moins de 4 institutions qui ont été réunies pour constituer l’exposition permanente de La Boverie rénovée. Le Musée des Beaux Arts de Liège (BAL), le Musée de l’Art wallon (MAW), le Cabinet des Estampes et des Dessins et enfin le Fonds d’art ancien.

A l’étage, l’art contemporain après 1945 est à l’honneur avec de vraies perles notamment un magnifique Karel Appel, un puissant Pol Bury et un beau Nicolas de Stael. En sous-sol, la galerie principale brasse l’Histoire de l’art du Moyen-âge à nos jours avec d’abord une concentration sur l’art ancien de la principauté de Liège (Lambert Lombard, Gérard de Lairesse, Gilles-François Joseph Closson) puis quelques grandes toiles du tournant du 20e siècle belges (Ensor) et internationaux (Ingres, Gauguin, Van Dongen, Chagall, Metzinger, Kokoshka, ….) notamment acquis dans la grande vente d’ « art dégénéré » faite par les nazis à Lucerne (1939) ou achetés à paris en 1939. La partie la plus séduisante et originale de ces collections permanentes est la galerie noire où dessins, esquisses et pastels de tout grands comme Ensor, Fromentin ou sont parfaitement mise en scène dans deux corridors sombres et élégants.

Sorte de cathédrale dédiée aux Beaux-Arts mais exposée au « plein air », La Boverie rénovée vient accroître encore la noblesse, la richesse et la beauté de Liège pour en faire une ville culturelle européenne incontournable.

visuels : YH.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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