Entre roman et film, “Common Objet” de Lewis Baltz au Bal
La première rétrospective du travail de Lewis Baltz est au BAL jusqu’au 24 août, Common objects montre avec humanité et distance le désastre inhumain de la civilisation.
Le Bal est un lieu atypique, un jour de pluie il est le refuge idéal et les journées de soleil sa terrasse calme est le lieu parfait du matin au soir pour manger, boire et discuter avant, après la visite de l’expo ou juste pour le plaisir de l’espace.
Qu’est le monde ? Pouvons-nous le connaitre ? Le montrer ? A quoi ressemble son image ? peut-on visuellement représenter ce que l’on sait ou pense savoir du réel ?
Dès la fin des année 60 le photographe Américain Lewis Baltz tente de répondre à ces questions.
Géométries noires sur blanc, tristesse contemporaine d’une civilisation aux maisons carrées, rectangulaires, fenêtres de mêmes formes, portes de garage idem et grille d’aération pareille en taille réduite.
Des lignes, des traits, verticalité, horizontalité, l’humain aime sa boîte, il veut s’enfermer comme le voisin, ces murs sont le reflet de leur vie rangée dans une civilisation en quête de rêve mais en désespérance quotidienne.
Une humanité profonde se dégage de ces images, l’enfermement, l’angoisse, la rigidité, traversent les murs de pierres jusqu’à la rétine du spectateur témoin et acteur.
Changement de mur, les grands espaces américains, Palm Spring, ici pas de maison, moins de civilisation mais pourtant le même enferment à ciel ouvert, brut entre montagne, vent et poussière le vide se mue en matière lourde aspirée par l’immensité du néant.
Des objets laissés là, brisés, explosés par le temps, seuls, anéantis et visibles, un animal trace de vie mort au sol, mort comme un objet de consommation abandonné.
Où sommes-nous ? Hier ? Aujourd’hui ? Demain ? Les trois à la fois hélas, les temps se mélangent, le visiteur plonge dans la société postmoderne où la caméra de surveillance rassure certains au point d’en oublier l’humain.
Comme toujours au Bal de nombreux événements sont organisés autour de l’exposition.
Entre le roman et le film, Lewis Baltz est témoin du réel, sa pensée photographique est un espace profond sans transcendance artistique mais créateur de miroir du réel.