![[Bruxelles] Grandiose Andres Serrano aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2016/05/serrano-6-548x548.jpg)
[Bruxelles] Grandiose Andres Serrano aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique
Le sulfureux Andres Serrano, dont les œuvres sont régulièrement attaquées, est le sujet d’une imposante rétrospective aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Une exposition « sans censure » de premier plan où l’on découvre et redécouvre les grandes séries humaines, transcendantes et obsessionnelles d’un des plus grand phonographe de notre temps.
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Sans censure, l’exposition expose donc les grandes séries choc aux œuvres remises physiquement en causes sont exposées, avec une petite caméra au-dessus du fameux Piss-christ et une salle dédiée met en garde les esprits sensibles pour montrer les éditions lacérées et éclatées de violence par une attaque en 2007 de la série sur les sexuels. Alors que la rétrospective fait le choix malin de refuser le choix de la chronologie ou même de la thématique pour présenter les cycles obsessionnels de l’artiste, Serrano est avant tout présenté pour son intérêt habité pour la condition humaine. Bruxelles met donc à l’honneur son travail sur les marginaux avec, pour commencer, une commande photographies réalisés en 2015 avec les SDF de Bruxelles. Ce travail fait écho avec une série similaire à NYC. ET au-delà des visages qui posent et réintègrent notre regards, le film posé sobrement à même le mur et sans cadre, la comparaison avec les clichés très cadrés de « résidents » de la grosse pomme met en relief le caractère vraiment extérieur de ceux qu’il appelle les « denizen » (mélange de deny et citzen) dans les rues de la capitale belge. De portraits viennent ensuite, côté américain de la force. Ils datent du début des années 2000 et mettent en lumière avec autant de pompe un officier de police, un SDF et Donald Trump. La suite de l’exposition passe du sulfureux au typique et permet de sillonner dans l’art du portrait de Serrano.
Qu’il s’agisse des mains à la morgue d’une enfant décédé de méningite, du visage voilé d’un membre du Klux Klux Klan, d’une séance paisiblement esthétisante de fist-fucking, de la croix de Saint-Pierre en nature-morte ou d’un intérieur cubain (pays où l’artiste a des origines), Serrano mêle toujours le plus intime, le plus effrayant de l’humain, pour le lire à la lumière d’une transcendance profondément catholique. Les derniers sont vraiment les premiers chez Serrano : un mort, un handicapés, une femme qui aime certaines pratiques sexuelles « perverses », un couple résigné de sans-abris ou un vieux paysan cubain, une galerie de personnages venus de tous les milieux à Jérusalem, tous ont droit à la même lumière et trouvent un salut esthétique dans les magnifiques photographies du New-Yorkais à la foi aussi brûlante que le parfum de scandale qu’il dégage.
Si l’on en croit sa très récente « crucifixion » qui ressemble à une annonciation tant Marie-Madeleine (la pécheresse et non la vierge) regarde simplement le bout de la croix, la passion a beau être hors-champs, elle irradie encore l’art et la vie. Et le Christ habite avec un baroque somptueux mais contemporain les toutes grandes photographies d’un immense artiste. A voir, à revoir et à interroger avant le 28 août 2016.
Visuels : affiche officielle et YH