
Mort du photographe de mode Bill Cunningham
Le photographe de mode Bill Cunningham est décédé ce samedi à 87 ans. Cette annonce du New York Times, pour lequel il travaillait depuis 40 ans, s’est répandue sur le Net comme une traînée de poudre. Le quotidien a précisé qu’il a succombé à une attaque et salue en lui une légende, un “anthropologue culturel atypique”.
On ne sait plus comment le présenter, par son poste de journaliste phare du New York Times ou alors dans son rôle révolutionnaire quant à l’approche de la mode et de l’art de la rue. Oui mesdames, messieurs, rassurons-nous, il n’y a pas qu’une mode inaccessible, distante, luxueuse et digne de défilés. Les inspirations sont multiples, avec par exemple des femmes de tous les jours, loin des modèles longilignes et cela, Bill Cunningham l’a bien compris. Ces femmes à l’image de toutes sans doute, mais ayant le goût de l’élégance, attiraient l’œil de cet homme talentueux. «Il faut laisser la rue vous dire quelle est l’histoire», confiait-il à l’AFP en 2014. «Il ne faut pas avoir d’idée préconçue, il faut sortir et laisser la rue vous parler», affirmait-il comme une recette à succès.
Né le 13 mars 1929 à Boston, Bill est un garçon curieux qui ne semble pas être prédestiné à être photographe de mode. Il découvre la mode par nécessité en travaillant comme magasinier chez Bonwit Teller, un grand magasin. Confiant, il part à New York et à 19 ans, monte une affaire de chapeaux sous le nom de William J. La stabilité d’un salaire ne semble pas suffire à ce passionné. Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue USA, dans un film documentaire sur le photographe, Bill Cunningham New York sorti en 2010, affirme que cette volonté de réussir a payé puisque “il savait ce que devait être la tendance dans six mois.” Connu dans les rues new-yorkaises et reconnaissable par son accoutrement : veste bleue, appareil photo argentique autour du cou et vélo, son allure pouvait paraître désinvolte mais en vérité l’homme cachait un talent, un regard aiguisé pour décrypter la rue et sa mode. Jacky Kennedy, femme du président assassiné, l’a bien compris, lorsqu’elle transmet à Bill Cunningham un tailleur rouge Dior. Alors qu’il travaillait dans l’atelier sur mesure “Ninon”, il photographiait multipliait les clichés de stars comme Greta Garbo ou des Américaines anonymes. Remarqué par le New Tork Times, il obtient une tribune régulière “ On the street” et se présente comme témoin des arts de la rue et de l’art dans la rue. Chaque semaine, il se permet de présenter les tendances, léopard par ci, imprimés par là, couleurs pastels ou flashy, chemises et ensemble tendance, tout y est. Homme timide, refusant de se considérer comme un bon photographe, et qui par humilité, n’admet pas son renom, il est enfin temps de souligner l’héritage qu’il n’a jamais voulu admettre. Même s’il n’est plus, il n’est pas trop tard pour rappeler qu’il reste un des pionniers du “street style”. Préférer l’élégance ou l’originalité d’un détail sur une femme dans la rue est un autre challenge que d’habiller une femme dans un défilé avec des pièces importables. Le directeur de la publication du New York Times, Arthur Sulzberger Jr, lui rend hommage en ajoutant “Nous avons perdu une légende”. Monsieur, merci d’avoir sublimé nos tenues de tous les jours et nos cheveux ébouriffés !
Visuel : ©Bill Cunningham (Wikipédia) et image tiré du film “Confessions d’une accro au shooping” de P.G Hogan sorti en 2009
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