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Les premières épreuves du nouveau bac menacées

Les premières épreuves du nouveau bac menacées

17 January 2020 | PAR Julia Wahl

Le bac nouvelle formule repose en grande partie sur “E3C”, des épreuves de contrôle continu qui viennent modifier l’organisation du bac tel qu’on le connaissait jusqu’à présent. De quoi s’agit-il ? Pourquoi ces épreuves sont-elles menacées ?

Des épreuves contestées

Les épreuves dites “E3C” (épreuves communes de contrôle continu) représentent 40% de la note finale du nouveau bac : sans être déterminantes, elles ont donc poids non négligeable dans l’obtention de ce sésame. Elles ont pour but de limiter le nombre d’épreuves passées sous forme d’examen final à l’issue de la terminale. Ce premier enjeu explique en grande partie l’opposition des syndicats enseignants et lycéens et des fédérations de parents d’élèves comme la FCPE : si les épreuves en question sont choisies parmi une banque de sujets établie par le ministère, elles ne seront pas exactement les mêmes d’un établissement à l’autre, ce qui risquerait de mettre à mal le caractère national – et partant, égalitaire – du diplôme. En outre, les modalités précises d’organisation et, surtout, d’évaluation, restent floues aux yeux des enseignants, ce qui explique une bonne partie de leurs réticences. S’il est vraisemblable que, dans certains établissements, les proviseurs décident de supprimer des cours pour offrir aux enseignants les conditions nécessaires à une correction rigoureuse, aucune consigne officielle ne permet d’assurer que cela sera le cas partout. Outre la rupture d’égalité que cette disparité induirait, devoir assurer des cours tout en corrigeant des copies d’examen fait craindre aux enseignants des semaines de travail démentielles, non dédommagées financièrement qui plus est. Rappelons en effet que, jusqu’à présent, les corrections du bas avaient lieu en juillet, alors que les cours étaient terminés, et ouvraient droit à des indemnités. Avec l’amoindrissement des épreuves concernées, nombre d’enseignants craignent de voir leur charge de travail augmenter et leurs revenus diminuer.

Un climat social particulier

Mais les menaces qui pèsent sur ces épreuves ne se limitent pas à des considérations inhérentes à ce nouveau bac : il s’agit également pour les professeurs, très actifs dans la contestation de la réforme des retraites, de réfléchir à de nouvelles modalités de revendication, devant les maigres salaires touchés en décembre en raison des journées de grève. Ce mode de contestation n’est en réalité pas neuf puisqu’il entre fortement en résonance avec la boycott du bac en 1968 et est régulièrement évoqué dans les AG enseignantes. Il pose toutefois régulièrement question aux premiers intéressés : les corrections faisant partie des obligations de service des enseignants, ceux-ci ne peuvent légalement s’y soustraire sans risquer de retrait sur salaire, voire de sanction administrative. Il n’est ainsi pas certain que leurs portemonnaies s’y retrouvent davantage qu’avec des journées de grève. Certains envisagent alors de jouer avec ces obligations, en attribuant par exemple la note de “20/20” à tout le monde, ce qui reviendrait à neutraliser ces épreuves.

Outre la colère enseignante, commence à poindre celle des élèves et, avec elle, le recours à des usages militants plus radicaux, comme des piquets de grève complets à l’entrée des établissements. Si les élèves contestataires empêchent ainsi leurs condisciples et professeurs d’entrer dans leurs lycées, les épreuves seront annulées de fait.

Les E3C commençant officiellement le 20 janvier, il nous faudra attendre lundi pour savoir dans quelle mesure ces épreuves seront effectivement perturbées.

 

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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