L’actrice Taraneh Alidoosti libérée après trois semaines de détention
L’actrice iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée après trois semaines de détention à Téhéran à la suite de son engagement dans la mobilisation pour la mort de Mahsa Amini.
Mahsa Amini, martyre et symbole de résistance
Cette incarcération fait suite aux nombreuses manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, kurde iranienne de 22 ans, le 16 septembre 2022. La jeune femme devient un symbole de résistance et une figure martyre. Elle décède après trois mois de coma à la suite de son arrestation par la police des mœurs pour « tenue indécente ». La cause ? Un voile mal porté rendant sa tenue « indécente » aux yeux des autorités. Selon des témoins oculaires témoignant à la BBC, Mahsa Amini aurait été frappée à l’intérieur de la fourgonnette de police. Sa mort engendre un mouvement de révolte. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses femmes se mettent en scène en train de brûler leur voile. Une mobilisation massive qui excède les écrans puisque les mouvements de protestation vont jusque dans les rues. Les violentes répressions des autorités causent de nombreux morts. Encore aujourd’hui, le drame continue à résonner à travers la libération de l’actrice iranienne.
Les iraniennes expriment leur colère en se coupant les cheveux et en brûlant leur hijab pour protester contre le meurtre de #Mahsa_Amini
Dès l'âge de 7 ans si elles ne se couvrent pas les cheveux, elles ne pourront plus aller à l'école ni trouver un emploi#NousSommesLeursVoix pic.twitter.com/JS6TRyML9e
— Anton Struve ? (@AntonStruve) September 18, 2022
Le geste engagé de Taraneh Alidoosti
En novembre, la célébrité féministe Taraneh Alidoosti apparaît en photo sur sa page Instagram, affranchie de son voile, cheveux détachés, une pancarte entre les mains clamant « femme, vie, liberté » le slogan de la contestation écrit en kurde, en hommage à Mahsa Amini. L’actrice de Leila et ses frères (2022) avait également publié de nombreux messages dans lesquels elle portait son soutien aux manifestants et condamnait les nombreuses exécutions durant les brutales répressions. Le 22 décembre, près de 500 personnalités du monde du cinéma comme l’actrice française Marion Cotillard, l’actrice américaine Kate Winslet ou encore le réalisateur espagnol Pedro Almodovar ont appelé à sa libération immédiate dans une lettre ouverte. Le Festival de Cannes a également fermement condamné cette arrestation. Arrêtée le 17 décembre, l’actrice Taraneh Alidoosti a été libérée sous caution mercredi 4 janvier, rapporte son avocate Zahra Minooee à l’agence de presse Isna.
La menace du régime iranien
Un cauchemar qui n’en finit pas. Suspendu après la mort de Mahsa Amini, le contrôle du port du voile est désormais réactivé. Une politique de surveillance qui revient avec violence comme une mesure comminatoire. Plus de 100 jours après la mort de la jeune femme, la police iranienne recommence à surveiller le port du hijab, ont rapporté les médias locaux lundi. « La police a commencé la nouvelle étape du programme Surveillance-1 », qui « porte sur l’absence de hijab dans les voitures », a déclaré à l’agence de presse Fars un haut responsable de la police. Le premier niveau de surveillance consiste à entraver les contrevenantes par l’envoi d’un SMS émis par la police. Jusqu’où cela ira-t-il ?
Visuel : Taraneh Alidoosti, conférence de presse The Salesman (13950311005853135) / © Armin Karami – Wikimedia Comons
