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Festival d’Aix 2023 : en route pour un programme riche et éclectique

Festival d’Aix 2023 : en route pour un programme riche et éclectique

02 December 2022 | PAR Paul Fourier

Le mercredi 23 novembre, Pierre Audi, Timothée Picard et leurs invités ont présenté, dans la salle de la Coupole de la Comédie française, ce que seront les soirées des 75 ans du prestigieux Festival du sud de la France. L’audace est, une fois de plus, au rendez-vous. Les grands artistes aussi.

La manifestation sera riche de 6 opéras mis en scène, 3 en version concert, 15 concerts. Neuf orchestres seront présents et l’ensemble se traduira par 56 levers de rideaux. Pierre Audi a, néanmoins, insisté sur le contexte économique tendu, la perte de coproducteurs et donc, la nécessité de « revoir la voilure », dans une optique de sobriété.

La présentation dans les locaux de la Comédie française a permis, avec Éric Ruff, l’Administrateur général, de souligner le partenariat qui se concrétisera en juillet prochain, par la présence des comédiens de la Maison de Molière dans L’opéra de quat’sous monté par Thomas Ostermeier, sous la direction de Maxime Pascal. Le metteur en scène allemand (présent en visioconférence) regardera forcément du côté de Brecht, de l’esthétique des mouvements sociaux et ouvriers… Le spectacle reviendra, évidemment, ensuite, dans la salle Richelieu.

Comme chaque année, le Festival, qui a pour logique de couvrir 400 années de création lyrique, aura son lot de contemporain. Ce sera l’occasion de retrouver le compositeur George Benjamin qui, avec le librettiste Martin Crimp, présentera un nouvel opus (encore très secret), Picture a day like this, que Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, les metteurs en scène, ont essayé de ne pas déflorer… ce qui leur a permis de s’arrêter sur la méthode de travail de Benjamin en matière de composition.

Du côté de Mozart, ce sera le retour de Cosi fan tutte, une œuvre emblématique du Festival, qui figurait déjà dans la toute première édition de 1948. Démontrant, une fois de plus, son caractère anticonformiste, Dmitri tcherniakov déplacera l’action chez un couple plutôt mûr qui se pose des questions sur l’amour et la survie de leur foyer…

Après Kurt Weill (avec Mahagonny en 2019), Puccini (Tosca, la même année), Pierre Audi poursuit sa démarche visant à faire entrer au Festival les plus grands compositeurs. Cette année, ce sera Alban Berg avec Wozzeck, donné au Grand Théâtre de Provence, dans une mise en scène de Simon Mc Burney (avec Simon Rattle à la direction du London Symphony Orchestra et Christian Gerhaher dans le rôle-titre).

Le stadium de Vitrolles, investi l’an dernier par une Résurrection (la Symphonie N°2 de Malher) qui a marqué les esprits, continuera à être un lieu d’expérimentation et de transcendance des genres. Les ballets russes (L’Oiseau de feu, Petrouchka et Le sacre du printemps) seront abordés avec l’Orchestre de Paris dirigé par Klaus Mäkelä, mais aussi, par le truchement de trois vidéos, respectivement de Rebecca Zlotowski, Bertrand Mandico et Evangelia Kraniotti, trois cinéastes qui exploreront la notion de démesure. Un incontestable moment réjouissant de la présentation a été d’écouter Zlotowski parlant de son expérience de la Résurrection, dans un lieu qu’elle a défini comme « spielbergien », pourvu d’une stèle kubrickienne (celle de L’Odyssée de l’espace) … et avec un public fellinien. Elle a affiché son plaisir de travailler avec Mäkelä qu’elle caractérise affectueusement comme un personnage qui lui fait penser au Linguini, du film Ratatouille.

Enfin, le dernier opéra mis en scène du festival sera « Queer ». Ce sera The faggots and their friends between Revolutions – littéralement Les pédales et leurs amis d’une Révolution à l’autre -, avec le tandem Philip Venables (musique) – Ted Huffman (livret). Cette œuvre s’inscrira dans un fil conducteur Cabaret, avec une soirée qui aura lieu, le 7 juillet, à l’Hôtel Maynier d’Oppède.

Trois opéras en version concert réunissant des stars (ou assimilées) seront, par ailleurs, présentés

Pierre Audi a insisté sur le fait que la version concert permet d’avoir des artistes qu’il est plus facile de retenir durant deux semaines, plutôt que six, le temps nécessaire pour les opéras mis en scène.
Ainsi, seront présents John Osborn et Anita Rachvelishvili pour Le prophète de Meyerbeer (avec le LSO dirigé par Sir Mark Elder), Jonas Kaufmann, Maria Agresta et Ludovic Tézier pour Otello (en coproduction avec le Teatro san Carlo de Napoli, direction Michele Mariotti) et Lisette Oropesa, Pene Pati et Florian Sempey pour Lucie de Lammermoor de Donizetti (direction Daniele Rustioni).

Des artistes, des orchestres, des voix, des frontières dépassées…

De nombreuses manifestations permettront d’entendre, entre autres, la musique de Betsy Jolas, György Ligeti et George Benjamin.
Côté orchestres, le Balthasar Neumann (notamment avec une Missa Solemnis dirigé par Thomas Hengelbrock), le LSO, le Malher Chamber Orchestra et l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée seront de la partie.
En récitals, on retrouvera Asmik Grigorian dans de la musique russe, Christian Gerhaher avec Schubert et Berg et Pretty Yende dans un programme éclectique.

Enfin, le festival sera fidèle à ses traditions, d’abord avec des concerts jazz, son Académie, son ancrage méditerranéen avec « Mosaïc » et de nombreux artistes. La tendance visant à avoir une politique attractive en direction des jeunes (et des tarifs à -70%) continuera à s’accentuer.

Visuel : Logo du festival

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Paul Fourier

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