
The last movie stars, série documentaire façon work-in-progress sur un couple d’acteurs culte, montrée à Cannes 2022
Cette série documentaire en six épisodes peint le couple Newman/Woodward sous tous ses aspects, avec une forme qui met surtout en avant la réflexion.
The last movie stars est une série documentaire qui a pour créateur Ethan Hawke. Acteur très subtil, il aborde ici le sujet qu’il a choisi avec l’intelligence qu’on lui prête. Le but de ce travail en six épisodes est de s’intéresser en profondeur au couple au long cours que formèrent Paul Newman et Joanne Woodward, sous les projecteurs à Hollywood à une époque. Du point de vue de la série, ce duo symbolise une époque précise du star-system dans le cinéma américain, marquée aussi par des spécificités dans le jeu des acteurs et actrices.
Au visionnage, il apparaît qu’en effet, la vie de ce couple se distingua sur bien des aspects, tous intéressants à creuser. A ce titre, la série a la meilleure des idées : ne pas adopter une forme simplement narrative. Elle s’attarde sur des détails, des points précis, qu’elle montre comme significatifs. Choix judicieux, de plus aucunement appuyé par de lourds commentaires : souvent, les arguments surgissent d’extraits de films montrés. Certes, des intervenants les commentent, mais ce sont les séquences elles-mêmes qui sont mises au centre.
Outre les invités venant donner leurs points de vue, The last movie stars donne à voir de nombreux extraits d’interviews d’époque, celles de Newman notamment. En prime, dans le montage final, sont incluses des scènes avec le concepteur de ce travail et ses collaborateurs en pleine réflexion et en pleins questionnements. Cette série documentaire adopte en fin de compte une forme de work-in-progress, qui la rend très vivante, pas figée, et intelligente. Plutôt que de dresser un monument à son sujet, elle l’offre. On a le loisir d’observer comment ces légendes du cinéma américain sont abordées, qui plus est par un acteur d’une génération venue après eux.
On plonge ainsi littéralement, avec délectation, dans ces portraits de personnalités dépliés progressivement, et sans ordre strict, face à nous. Les scènes de films sont comme données à vivre ou revivre, mises en perspectives ainsi aux côtés de toute la matière réflexive qui les entoure. Au début du troisième épisode, on revisite de cette manière Luke la main froide, long-métrage légendaire de 1967, au travers de certaines de ses séquences fameuses. Ces dernières sonnent ici comme représentatives de certains aspects du cinéma américain. En cette année 2022 où les vingt ans de la fin de carrière sur grand écran de Paul Newman se méditent, cette série documentaire vient constituer non pas un grand hommage, mais une belle occasion de réfléchir et s’interroger.
Une série documentaire projetée au Festival de Cannes 2022 parmi les Cannes Classics.
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Visuel : © CNN+