
Nouveau Réalisme : nouvelles approches perceptives du réel à la Georges-Philippe et Nathalie Vallois
Jusqu’au 24 juillet, la galerie propose une exposition d’œuvres rares du Nouveau Réalisme qui a révolutionné l’art français au tournant des années 60. De César à Arman en passant par Christo, Gérard Deschamps, Niki de Saint-Phalle et Yves Klein, les artistes emblématiques du mouvement sont présentés.

Tout commence au printemps 1960 par une exposition collective à Milan qui réunit des artistes alors âgés d’une trentaine d’années, Yves Klein, Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Jean Tinguely et Jacques Villeglé. Un critique d’art de la même génération, Pierre Restany, publie alors un texte en forme de Manifeste et invente un terme pour qualifier cette génération, « Les Nouveaux Réalistes ». Le texte, offensif, désireux d’ouvrir une nouvelle ère artistique, dit notamment : « Au stade, plus essentiel dans son urgence, de la pleine expression affective et de la mise hors de soi de l’individu créateur, et à travers les apparences naturellement baroques de certaines expériences, nous nous acheminons vers un nouveau réalisme de la pure sensibilité ».

Quelques mois plus tard, en octobre, un deuxième Manifeste du Nouveau Réalisme, qui proclame « Nouveau réalisme: nouvelles approches perceptives du réel » est signé dans l’atelier d’Yves Klein par les artistes précédemment cités auxquels s’ajoutent les noms de Martial Raysse et de Daniel Spoerri. Ils sont neuf, rejoints l’année suivante par César, Mimmo Rotella, Niki de Saint-Phalle et Gérard Deschamps.
Le Nouveau Réalisme, dans la lignée des ready-made de Marcel Duchamp, veut remettre la réalité au centre de la création, plus précisément par l’utilisation des objets du quotidien passés au rang d’objets d’art. Le mot d’ordre est clair : tous les supports et toutes les approches sont autorisées mais à une seule condition : évoquer la réalité pour définir, selon les mots de Pierre Restany, « un recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire ».

Dès lors, la ferraille, des déchets, des affiches de cinéma, les restes d’un repas, des roues métalliques, des automobiles, des masques à gaz sortent de l’usine, des décharges, des casses de voitures, des terrains vagues et de la rue pour devenir les héros des ateliers puis des salles d’exposition, sous forme d’accumulation, d’assemblage, de compressions, d’empaquetage mais aussi de lacérations, de collages ou de tir à la carabine.
Ces installations coup de poing surprennent, suscitent l’adhésion ou le rejet, interrogent sur cette société de consommation artificielle et éphémère que l’art peut transfigurer et élever à une postérité éternelle. Quelques mois plus tard, un tournant plus engagé se manifestera d’ailleurs parmi les piliers du Nouveau Réalisme, notamment dans les lacérations d’affiches politiques comme chez Raymond Hains.

Déchets bourgeois – Et s’il n’en reste qu’un je serai celui-la?
1959 Déchets et ordures dans boîte en verre et socle en bois 58 x 40 x 8 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris © clérin – morin photographie
La galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois a souvent proposé des expositions sur le Nouveau Réalisme. Mais sur ses deux espaces rue de Seine, le site présente jusqu’au 24 juillet 2021 des œuvres peu voire jamais dévoilées au public, couvrant la période 1947-1965, des prémices à la maturité du Nouveau Réalisme. Parmi ces pièces inédites, l’un des rares monochromes noir de Klein et un perforateur monochrome conçu en 1958 avec Jean Tinguely.
Ces œuvres illustrent la liberté et l’impertinence propres au Nouveau Réalisme, « imprévisible » et « iconoclaste » comme le prédisait le Manifeste de 1960. Certaines oeuvres portent des titres ironiques: « La Grande Duchesse » de César, « Déchets bourgeois- Et s’il n’en reste qu’un je serai celui-là » de Arman.
Lorsque le visiteur regarde ces créations soixante après, il peut constater que leur intransigeance et leur impulsivité sont parfaitement intacts. Hypersensibles, écorchées vives, ces œuvres sont toujours modernes.

L’exposition “Nouveau réalisme : nouvelles approches perceptives du réel” est accompagné d’un ouvrage reproduisant un ensemble exceptionnel de plus de 80 oeuvres, illustré de textes, d’archives photographiques et documentaires dont certaines totalement inédites.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Nouveau réalisme : nouvelles approches perceptives du réel
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
Jusqu’au 24 juillet 2021
33 et 36 rue de Seine 75006 Paris
01 46 34 61 07
www.galerie-vallois.com