Femme de chambre au format poche chez Liana Levi
L’écrivain allemand Markus Orths s’est fait connaître chez lui en 2003 avec “Lehrerzimmer”, un petit livre grinçant où un fonctionnaire de lycée parle à la première personne sans jamais vraiment rien dire de lui. La France a découvert ce nouveau talent de la littérature germanique en 2009 avec “Femme de Chambre” : un roman bref et satirique, sur la vie d’une femme chargée du ménage d’un hôtel et tout juste sortie de clinique psychiatrique. A la fois sexy et dérangeant, “Femme de chambre” est disponible dès le 16 septembre en collection de poche chez Liana Levi.
Lynn vient de sortir de 6 mois d’hôpital psychiatrique. Son compte en banque voit rouge et elle n’a au monde que sa mère avec laquelle elle a beaucoup de mal à communiquer. Mais Lynn rebondit vite et trouve un travail de femme de chambre dans un hôtel. Préoccupée à lutter contre ses tocs et le grand vide qu’elle attend chez elle, elle ne compte pas ses heures sup’ non payées et brique avec méthode nuit et jour les pièces dont elle a la charge. Un soir, un client risque de la surprendre dans sa chambre, elle se glisse alors sous le lit où elle l’épie avec délices. Un nouveau monde au potentiel érotique infini s’ouvre à Lynn…
Extrêmement sensuel, mais tout en suggestions, “Femme de Chambre” décrit un personnage en pointillés. Une femme malade qui a l’érotisme morbide des hystériques de Charcot ou des personnages d’Elfriede Jelinek. Pour le lecteur, l’expérience est plus que divertissante : elle est dérangeante parce qu’il a lui-même l’impression d’être placé dans la position du voyeur sans pour autant rien voir. Obligé d’imaginer, ses sens sont encore aiguisés par cette femme au comportement étrange et que Makus Orths prend un malin plaisir à ne pas décrire. Un roman psychologique d’autant plus puissant qu’il est absolument dépourvu de psychologie.
“Femme de Chambre“, de Markus Orths, Liana Levi, trad. Nicole Casanova, collection “Piccolo”, 144 p., 7 euros.