
“La Neige noire” de Paul Lynch : un roman âpre et tourmenté chez Albin Michel
Après la Seconde Guerre mondiale, Barnabas Kane est revenu vivre dans son Irlande natale, qu’il avait quittée pour s’installer en Amérique où il a rencontré sa femme, où leur fils est né. Après avoir participé à la construction des gratte-ciels new-yorkais, il retrouve le travail de la terre, parmi son ancienne communauté qui ne le considère plus tout à fait comme l’un des leurs depuis son retour. Le jour où l’étable de Kane part en flammes, et qu’un villageois périt dans l’incendie, Kane prend conscience de la difficulté de revenir, de reprendre les choses là où on les a laissées … au prix de bien plus qu’il n’aurait pu l’imaginer.
[rating=5]
Il n’y a pas de rédemption dans La Neige Noire. Pas de bons sentiments, ni de facilité dans l’écriture ou dans la narration. Lynch est implacable, aussi bien pour ses personnages que pour son lecteur, auquel il offre une écriture à la fois sobre et poétique, qui ne cherche pas la séduction facile, mais se mérite. Comme si la malédiction qui touche la famille Kane n’était finalement que le moyen pour l’auteur de coucher sur le papier une langue âpre, aussi dure que le destin qui frappe ses personnages, imprégnée de la rudesse du sol irlandais.
À l’image du titre, l’intrigue de La Neige noire est bâtie sur une contradiction : celle qui oppose les Kane, venus du Nouveau Monde, d’une terre où l’on peut tout raser du jour au lendemain pour recommencer de zéro, à leurs voisins, des paysans irlandais ancrés dans une terre de tradition et de f