[Chronique] Daphné, « La Fauve » et pourtant si douce
Après un petit détour par le répertoire de Barbara d’où elle a d’ailleurs ramené la complicité de Benjamin Biolay, la féérique Daphné revient à son code couleurs multilingues et décide de jouer dans la nuance et la référence à l’Histoire de l’Art. Doux et suave La fauve est un album qui s’écoute en boucle pour des longs-après-midi de printemps heureux. Parution le 3 mars 2014 chez Naïve.
[rating=5]
“J’ai un strabisme à voir l’amour partout dans le désert“.
Dès le premier titre (et premier extrait), le sensuel “Rocambolesque Morocco”, harpes, cordes et même violons sont au menu de cet album aux tonalités ocres, pour des variations sur les thèmes amoureux de Carmine mais en plus doux. Mais même à son quatrième album solo, Daphné sait garder l’ingénuité d’une ballade fraîche tirant vers le folk avec un titre gai comme “Ou est la fantaisie?” ou une petite cantate comme “Vendanges tardives”. Elle se réchauffe parfois, côté sauvage, à la gitane, version gitane en VO avec “Flores Negras”, en séductrice avec “Mon amour feu”, ou en mode portrait avec Abigail. Sait-être à la fois terriblement gaie et terriblement mélancolique, volontiers en anglais : “Lady Dangerine”, “Hello to love”, les synthés grésillants de “Strabisme des jours heureux” ou le portrait amoureux “Tout d’un animal”.
Depuis son premier album, L’Emeraude et la chanson “L’insoumise”, Daphné nous prévient qu’elle est un animal sauvage. Après les pulsions sanguines de Carmin et les heures mélancoliques de Bleu Venise, dans La fauve, la sorcière à la voix de fée semble elle-même ne pas savoir dompter les hommes et le sentiment qu’ils engendrent, le duo très Bonnie and Clyde qu’elle semble chanter un peu à contre-emploi avec Benjamin Biolay “Ballade criminelle” en témoigne ainsi que le tendre et langoureux “Tame a dragon for me”. Riche en titres et en émotions qui se déclinent tout le long du long timbre merveilleux de la chanteuse, “La fauve” est un autre album réussi et généreux de Daphné, qui persiste et signe dans son monde irrésistible de caresses de clochettes et de mythes éternels. Encore une fois chapeau bas à son pianiste David Hadjadj pour les accords. Et rendez-vous à la Cigale le 7 avril pour entendre Daphné en live.
visuel : couverture de l’album.