
« Une Terre d’ombre » de Ron Rash, patriotisme buté et violence aveugle.
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Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est l’auteur de cinq recueils de nouvelles et de cinq romans, tous lauréats de prestigieux prix littéraires. Il est titulaire de la chaire John Parris d’Appalachian Studies à la Western Carolina University. Après Le Monde à l’endroit, Une Terre d’ombre prolonge la réflexion de Ron Rash sur la folie des hommes et sur les difficultés de vivre l’amour au milieu de l’absurdité universelle.
Laurel Shelton est vouée à une vie isolée avec son frère dans une ferme héritée de leurs parents au fond d’un vallon encaissé que les habitants de la ville considèrent comme maudit, et où rien ne pousse. Elle, Laurel, marquée par une tâche de naissance, et son frère, revenu de la Première Guerre mondiale amputé d’une main, sont tout aussi maudits que le vallon. La vie de Laurel bascule lorsqu’elle rencontre au bord de la rivière un mystérieux inconnu muet qui joue divinement de la flûte. L’action va inexorablement glisser de l’émerveillement de la rencontre au drame, imputable à l’ignorance et à la peur d’une population nourrie de préjugés et ébranlés par les échos de la guerre. Xénophobie, patriotisme buté, et violence aveugle contrastent avec la splendeur de l’amour, le silence de la nature et la sensibilité de la musique. Bien que parfois prévisible et un peu facile, Ron Rash nous livre un roman qui se lit avec envie. Cette envie de délivrer la jeune Laurel de son image de sorcière. De la sortir de cette Amérique rurale violente, idiote et puante.
« Une Terre d’ombre » de Ron Rash, traduction d’Isabelle Reinharez, 20 euros, Seuil, Janvier 2014.