
Les couleurs du ciel, Carnavalet expose le faste religieux
Le musée Carnavalet nous emmène dans Les couleurs du ciel, une exposition sur la peinture du XVIIe siècle dans les églises de la capitale. L’occasion de saisir à quel point ce champs-là été investi par les artistes people de l’époque. L’ambiance se fait solennelle dans les salles redéfinies et amincie du joli musée pour parcourir ce siècle qui vu l’exclusion des Protestants en 1598 et leur reconnaissance en 1685. Entre, les églises de Paris ont choisi la peinture comme manifeste de pouvoir.
Environ cent vingts peintures, dessins et gravures issus de collections françaises et étrangères sont rassemblées. Dans un choix de croisement du chronologique et du thématique on découvre des œuvres soit conservées dans des musées, Le Louvre notamment, soit décrochées d’églises. Il est étonnant voir détonnant de voir le nom de la très conservatrice Saint Nicolas du Chardonnet côtoyer celui du musée des Beaux-Arts de Rouen. La proximité fait saisir à quel point le lieu de présentation d’une toile influe sur sa réception et sa perception. Ici mises à égalité, elles se regardent de façon pacifiée.
Rapidement, un portrait de Louis XIII par Philippe de Champaigne nous interpelle. A ses côtés un Saint Denis peint par Nicolas Poussin. On comprend très vite que l’art religieux est ici politique faisant intervenir les grands noms parmi les artistes et les princes. Au lendemain des Guerres de Religions, l’église catholique cherche à asseoir de nouveau son autorité. Les lieux de cultes se multiplient et avec eux, autant de supports à la puissance du décor. Les différentes tendances picturales se déploient, la monumentalité lyrique fait son entrée.
Le règne de Louis XIV permet au visiteur d’entrer dans l’élaboration des Invalides. Ce qui est fascinant ici c’est de voir comment le pouvoir se met en scène. Le peintre star est alors Charles Le Brun, mais c’est Pierre-Denis Martin qui réalise le flamboyant Louis XIV visitant l’hôtel royal des Invalides. Ce vaste chantier vient de se terminer, il a vu à l’ouvrage les architectes les plus prestigieux.
L’exposition organise des focus sur les chapelles et les tapisseries notamment, montrant que cet art s’étendait sur tous les supports possibles.
La fin du règne de Louis XIV et la mort de Lebrun changent la donne. La figure du Roi passe de souveraine à sainte, comme on peut le voir sous la coupole de l’église royale des Invalides qui présente Louis IX aux pieds du Christ.
Le Musée Carnavalet nous surprendra toujours, passant du luxe (Vuitton) au populaire (Le peuple de Paris), la dernière-née des expos vient nous rappeler à la fois que la culture n’est pas 100% laïque et pour l’autre versant que l’art religieux est intimement lié au politique à une période où la monarchie de droit divin est la norme en France.
Une exposition qui permet à chacun de s’y retrouver, ce n’est pas si fréquent, mais reste que son sujet, plus ardu que lors des parcours précédents, peut dérouter.