David Lynch et ses portraits de l’Amérique profonde
David Lynch, réalisateur entre autres de Blue Velvet ou Inland Empire, n’en fait une nouvelle fois qu’à sa tête! Enfin à la tête des autres plutôt… En effet, pendant 170 jours le réalisateur a parcouru 32 000 kilomètres à travers les Etats-Unis, interviewant des inconnus : un chômeur en Arizona, un Indien Navarro… Il a pour ambition de dresser un portrait de l’Amérique profonde à travers des interviews de 121 américains, filmé dans leur environnement habituel. Sans faux-semblant, sans jugement, le travail de Lynch est d’une sobriété étonnante. Pas de montages complexes, ni de photographies retravaillées, le réalisateur se contente d’un montage classique pour ces interviews qu’il n’approuve pas forcément (c’est d’ailleurs précisé en début de visionnage. Les interviews ne trahissent en aucun cas les idées de l’équipe).
Son travail est accessible à tous sur le site Interview Project, et contient actuellement 16 épisodes de ce périple. Enjoy the interview!
On peut rapprocher ce travail sociologiquement artistique ou artistiquement sociologique de celui, dans les années 1950, du photographe suisse Robert Frank. Résultat d’une commande de la fondation Guggenheim, l’artiste a réalisé 20 000 clichés en 1955-1956 lors d’un voyage à travers les Etats-Unis. Mais ces clichés ne donnent pas une image très postive de la nation américaine révélant inégalités sociales, ségrégation des Noirs, matérialisme… Un livre publié d’abord en France en 1958 par Robert Delpire, sortira peu après aux Etats-Unis, salué par la critique, décrié par le public.