La vie, une ronde lucide par Régis de Sa Moreira
Cinquième roman de Régis de Sa Moreira, “La vie” tisse une longue chaîne entre un nombre incalculable de personnages qui se répondent en écho, paragraphe après paragraphe. Un exercice de style réussi et joyeux à découvrir dès le 22 août au Diable Vauvert.
La vie est une suite de paragraphes de trois à six lignes qui donnent chacun la parole à un personnage qui s’exprime à la première personne du singulier. Chaque interlocuteur tient ainsi un bref monologue intérieur ouvrant vers l’existence d’un autre sujet en fin de paragraphe. Et c’est cet autre pointé qui prend le relais en réaction à ce qui vient d’être dit dans le paragraphe suivant. Certains ronchonnent, d’autre craquent, d’autres enfin s’émerveillent ou exultent. La plupart sont saisis dans un geste quotidien, volontiers dans l’espace public où ils sont susceptibles d’entrer en contact avec le locuteur suivant sans vraiment le connaître.
Le résultat de cet exercice de style joyeux et lumineux fait évidemment penser ) la ronde de Arthur Schnitzler, en plus rapide et incisif et sans véritable boucle à boucler puisqu’il pourrait y avoir une infinité de paragraphes ainsi enchaînés. Mais la succession de tranches de vies sans narration s’arrête avant de lasser, sans même imposer d’effet de manche artificiel. Pari réussi donc pour ce texte singulier et envoûtant.
Régis de Sa Moreira, “La vie”, Au Diable Vauvert, 136 pages, 15 euros /e-book 4.99 euros. Sortie le 22 août 2012.
visuel (c) Sylvie Biscioni.