
Italie : un musée de Casoria se condamne à l’autodafé
La culture italienne agonise. Plusieurs importants musées menacent de fermer. Hier le Musée d’Art contemporain de Casoria, près de Naples, a entamé sa dernière protestation désespérée : un tableau de Séverine Bourguignon abrité dans le musée a été incendié.
L’artiste française avait d’abord donné son accord; ensuite elle a participé en suivant avec affliction la réduction en cendres de son œuvre, en direct sur Skype. Il s’agit de la récente extrême tentative du directeur du musée Antonio Manfredi d’attirer l’attention sur les conditions dramatiques qui menacent l’écroulement du secteur culturel en Italie. Le budget consacré à la culture en Italie ne cessant de se réduire, il a atteint le pourcentage déconcertant de 0,21. Toute subvention désormais asséchée, les musées semblent être les victimes les plus secouées par les plans de redressement qui permettraient à l’Italie de réduire sa dette publique.
Après la faillite du Musée Madre de Naples et le danger inquiétant de tomber sous la tutelle de l’État de la part du Musée Maxxi de Rome (ouvert en 2010), le MAC de Casoria préfigure la disparition de ses œuvres. La protestation prend les formes d’une véritable performance, œuvre d’art elle aussi, qui met en scène la destruction de la culture. Antonio Manfredi accuse l’indifférence des Institutions « elle détruira le patrimoine culturel de l’Italie » qui, toute seule, abrite la moitié des trésors artistiques mondiaux.
Au début de Mars le même musée avait inauguré l’initiative Camouflage, à l’occasion de laquelle tous les tableaux avaient été cachés par des couvertures et remplacés par des photocopies des œuvres format réduits. Le but était de montrer la perte irréparable vers laquelle l’art italiense dirige.
La mise à feu des tableaux avait été entamée par Manfredi lui-même lors de sa participation à la Biennale de Venise, quand il avait brulé le portrait d’un camorriste dont il était l’auteur.
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