Actu

Procida, capitale italienne de la culture 2022

06 September 2021 | PAR Sabina Rotbart

 

 

En 2022, Procida, l’île la plus méconnue, la moins touristique de la baie de Naples va devenir capitale italienne de la culture. Une démarche qui se veut durable et des projets qui partent des habitants eux-mêmes.

 

Un projet de capitale italienne de la culture qui procède par consultation citoyenne, c’est carrément la révolution ! Procida la minuscule relève le défi. Peut-être sa taille le permet-elle et aussi le fait qu’elle est depuis longtemps éminemment culturelle, bien avant d’obtenir ce nouveau titre pour lequel elle concourrait avec 9 autres villes plus connues comme Bari. L’endroit opte pour une manifestation franchement alternative, comprenez une optique durable et participative. Cette île qui se targue d’être anti-isolationniste veut surtout éviter le flux ravageur du sur-tourisme. Le label « capitale italienne de la culture », annuel, part de la volonté de mettre en avant un lieu qui n’est pas apprécié à sa juste valeur. Parmi dix concurrents, l’un remporte la palme.

 

Une île éminemment littéraire

Mais peut-être ne savez-vous pas où se trouve ce petit bijou de 4km2  pour 1000 habitants? Tout près d’Ischia et de Capri, c’est une île hautement littéraire, ni réservée aux happy few, ni dévolue au tourisme de masse. Lamartine l’a rendue célèbre qui tomba là amoureux fou d’une charmante jeune femme dénommée Graziella d’où le roman éponyme. Plus près de nous, Elsa Morante en 1957 y situait le héros de l’île d’Arturo, un roman d’apprentissage (un film suivra en 1962). Plus récemment encore, Elena Montaldo costumière de théâtre, auteur (et petite-fille du célèbre réalisateur du film Sacco et Vanzetti), a fait découvrir les trésors de son île de cœur. Elle raconte les coutumes et les somptueux savoir-faire typiques comme cette broderie d’or dont la tradition remonte probablement à la domination ottomane dont elle a relancé la fabrication. Les familles commandent maintenant une robe traditionnelle brodée d’or pour remplacer les vieux modèles qui tombaient en poussière.

Procida, c’est une île de rêve et de rudesse. Ile nostalgique que l’on découvre dans El Postino (Le facteur, 1994) où l’on voit Noiret devenir le facteur d’un unique client, Pablo Neruda réfugié sur ce caillou. Mais aussi une île célèbre par sa prison active jusque dans les années quatre-vingt. Elle hébergeait alors dans ce qui était autrefois un palais, le palais d’Avalos, pas moins de 3OO captifs.

 

D’une prison faisons une galerie…

Ce ne sera pas la première prison à devenir lieu dédié aux artistes. Nous avions déjà vu cela à Bordeaux (la prison devenue musée du design) ou en Hollande à Leuvarden. Mais ici, c’est une énorme geôle qui vient d’être restaurée avec le million d’euros dont l’île vient d’être dotée par le Ministère des Biens culturels. Pour partie elle sera musée, hébergera ateliers, galeries, pour partie lieu de débats, de confrontation, dédié aux habitants et à leurs visiteurs. Le maire souhaite accueillir les adeptes d’un tourisme durable, culturel et non d’un tourisme de masse que l’île de surcroit ne saurait absorber. Amoureux de disco sauvage sur la plage passez votre chemin !

 

Pour en savoir plus : www.procida22.com et www. enit.it

Y aller : Pour se rendre à Procida, préférer le train, plus en accord avec une optique de slow tourisme. On change à Milan pour Naples. Vous aurez ainsi le temps de lire l’ouvrage éponyme, emblématique du mouvement romantique que Lamartine dédia à on amour de jeunesse, cette fille de pêcheurs rencontrée lors d’un Grand tour en Italie où ses parents l’avaient envoyé se déniaiser. L’île était pour lui « la demeure idéale d’un poète ou d’un amant «. Il y tomba follement amoureux d’une Italie rude, celle des pécheurs et des paysans. Chaque année en souvenir de cette jeune femme littéralement morte d’amour pour l’écrivain, on désigne une Miss Graziella désormais nettement moins mélancolique

Où loger ? www.Albergolavigna.it ou plus luxueux, www.lasuiteresort.com

 

“Supernova” : Colin Firth et Stanley Tucci dans un dernier voyage tendre et triste
Catherine Hauseux est admirable dans “Quand je serai grande… tu seras une femme, ma fille”.
Sabina Rotbart
journaliste en tourisme culturel, gastronomie et oenotourisme. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration