Théâtre
Lecture on nothing, Wilson par John Cage au Festival d’Automne

Lecture on nothing, Wilson par John Cage au Festival d’Automne

12 November 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Voilà, on y est. Le tant attendu cycle Bob Wilson a pleinement commencé au Festival d’Automne  Après les représentations de The Old Woman au Théâtre de la Ville, c’est maintenant le Musée du Louvre qui accueille les Livings Rooms ouvertes ce soir par Lecture on nothing de John Cage par le metteur en scène américain en personne.

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Comprendre l’oeuvre de Bob Wilson en passant par John Cage, c’est peu ou prou ce que le Festival d’Automne nous propose en nous offrant ce spectacle autant ardu que réjouissant.

Pourquoi ardu ? Parce qu’il s’agit de la restitution d’une conférence que le compositeur John Cage a donné en 1949 à l’Artists’ Club de New York sur le rien. Oui, le rien. Et que cette conférence sera ici donnée de nouveau en VO sans sous-titre.

Pourquoi réjouissant ? Parce qu’ici l’occasion est enfin donnée de saisir de façon limpide, à la fois le travail de Cage et celui de Wilson.

Il s’agit d’entrer physiquement dans le texte puisque le décor, fait de larges panneaux emplis de mots, nous y invite. Un homme vêtu dans le code Wilson : costume noir, visage blanc, gants blancs, nous scrute avec des jumelles. Bob Wilson est comme figé, assis derrière un long bureau. Le sol est jonché d’une tonne de papiers mâchés. Un lit défait vient ponctuer le paysage. Un écran vidéo viendra nous montrer le visage de Cage.

Vient le texte, dont on peut, quand Wilson tourne la page, apercevoir la structure. Le mot est lancé, Cage l’adore. La structure c’est ce qui permet d’aller d’un bout à l’autre d’un pont où demi-tons et bruits sont invités. Ce pont nous allons le traverser. Les phrases ne sont pas alignées, elles sont placées sur les feuilles comme le sont les partitions de John Cage. Cela ne ressemble pas à un texte mais en est un, tout comme ses notes sont écrites en cercles.

“Si on est irrités, alors, ce ne sera pas un plaisir”, “nous allons nulle-part, et c’est un plaisir”. Ce “nowhere” qui revient tant de fois, comme un gimmik vient nous faire réfléchir à la place qu’occupe un silence qui s’avère plein. Dans le théâtre d’image de Bob Wilson, souvent le silence vient appuyer une sensation. Il en est de même chez John Cage qui donne aux intervalles une valeur inestimable.

Doucement, la conférence est donnée, elle est rejouée, avec humour et distance. La plongée dans la révolution que cette rupture de rythmes faite de répétitions et de mutismes, plus de 60 ans après son invention est une mine d’or de clés de compréhension.

Wilson est ici un comédien hors pair et arrive, parce qu’il nous y autorise, à entrer dans ce jeu qu’est une conférence pleine sur le vide.

Visuel : © Wonge Bergmann (Ruhrtriennale)

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Galerie Polka
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