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“Mort à Sarajevo” : Portrait de la Bosnie dans les couloirs d’un Palace par Danis Tanovic

“Mort à Sarajevo” : Portrait de la Bosnie dans les couloirs d’un Palace par Danis Tanovic

21 August 2017 | PAR Yaël Hirsch

Danis Tanovic, le réalisateur de Cirkus Columbia (2011, lire notre critique) et de La femme du ferrailleur (2014, lire notre interview) a triomphé à la 66e Berlinale avec un Ours d’argent pour Mort à Sarajevo. Adaptation de la pièce de Bernard-Henri Lévy, Hôtel Europe, donnée pour sa première à Sarajevo en 2014, ce film incarne, du toit au sous-sol du Palace, l’identité toujours hérissée et douloureuse de la Bosnie. A voir sur nos écrans dès le 23 août 2017.
[rating=4]

Alors que Sarajevo se prépare à commémorer le centenaire de l’assassinat de François-Ferdinand qui a déclenché en son sein la Première Guerre mondiale, l’Hotel Europe est en effervescence : sur le toit, la journaliste Vedrana reçoit intellectuels et historiens pour parler de l’événement historique devant les caméras et doit arrêter l’émission quand Gavrilo Princip, un homonyme de l’assassin de l’Archiduc, exprime des opinions pro-serbes. Dans sa suite, un grand intellectuel français (Jacques Weber, alter ego de Bernard-Henri Lévy) révise son texte pour la cérémonie. A la réception, Omer, le manager de l’hôtel, doit organiser une grande soirée de réception européenne pour l’événement alors même que l’hôtel n’a pas payé ses employés depuis deux mois. Tandis que l’efficace chef-réceptionniste, Lamija, le seconde, il demande l’aide du chef mafieux qu club du sous-sol ou par ailleurs une grève des employés s’organise. Tout se complique quand c’est la mère le Lamija qui prend la tête du mouvement de grève…

“A Sarajevo, quasiment personne ne parle de l’avenir”, déclare Danis Tanovic dans le dossier de presse d’un film qui, sous ses ses dehors foisonnants, parle d’un passé qui ne passe pas et d’une blessure encore ouverte. Librement inspiré du livre et de la pièce de Bernard-Henri Lévy, le film se déploie un peu comme un mode d’emploi de la commémoration de guerre, sur toute la hauteur d’un lieu mythique : l’hôtel où forces politiques et correspondants de guerre étaient pendant la guerre, devenu un des symboles du siège de Sarajevo (1992-1996). A la fois riche de plein d’informations, grâce au reportage qui a lieu sur le toit, et émouvant à travers certains personnages aussi irrésistibles que l’énergique responsable de la réception, Mort à Sarajevo reprend avec fougue la tradition littéraire (Hotel Savoy, de Josef Roth) et cinématographique du Palace (Grand Hôtel de Edmund Goulding avec Joan Crawford et Greta Garbo) pour parler des paradoxes et des douleurs très présentes de l’identité mittel et centre-européenne. Un film qui a séduit la Berlinale et ne doit pas passer inaperçu dans un Paris de fin d’été.

Mort à Sarajevo, de Danis Tanovic, France, Bosnie, 2016, 80 min, avec Snezana Vidovic, Jacques Weber, Izudin Bajrovic, Vedrana Seksan, Muhamed Hadzovic. Sortie Vendredi distribution / Margo films, le 23 août 2017.
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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