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[Critique] « Sous les jupes des filles » : casting de stars pour une comédie bordélique assez joyeuse

[Critique] « Sous les jupes des filles » : casting de stars pour une comédie bordélique assez joyeuse

05 June 2014 | PAR Gilles Herail

Audrey Dana réussit une vraie comédie, populaire, assumant la gaudriole et le comique troupier au féminin sans chercher à trop psychologiser le propos et avec une volonté d’offrir des rôles jubilatoires pour l’ensemble de son casting de stars. Un bordel assez joyeux. [rating=3]

On avait vu et aimé Les gazelles de Mona Anache auquel Sous les jupes des filles est maladroitement comparé. Les gazelles proposait une chronique urbaine ultra réaliste, parfois drôle mais surtout combattante, suivant une jeune femme au bord du burn-out ayant besoin de temps pour savoir où aller. Sous les jupes des filles n’a pas beaucoup d’intérêt quand il veut dépeindre la vie d’une femme moderne ou décrire des “tendances” sociologiques. Mais Audrey Dana a une jubilation évidente à croquer des caractères féminins volontairement caricaturaux, jouissifs, explosifs en donnant sciemment à son casting de stars des rôles à l’opposé de leur image.

On pense bien sur à Laétitia Casta qui joue tout en retenue un personnage peu flatteur de jeune femme mal dans sa peau, émotive maladive principalement décrit par ses problèmes gastriques et qui assume un humour scato assez plaisant. Une Adjani fofolle et partant dans le grand n’importe quoi. Sylvie Testud complètement à l’ouest, flippée et finalement ragaillardie par le cancer dont elle avait si peur. Marina Hands, femme au foyer terne se transformant soudain en cocue vengeresse jurant à tout va et harcelant avec gourmandise l’objet de l’affaire extraconjugale. Julie Ferrier, enfin, se tire d’un rôle que seule elle aurait pu jouer. Une femme bizarre, limite autiste, tiquée, vivant dans une société quasiment parallèle. Et qui, après s’être pris un poteau, devient une nymphomane en puissance voulant rattraper le temps perdu. Toutes ces actrices, Audrey Dana comprise, prennent un plaisir communicatif à aller dans le grotesque, le burlesque, en cassant leur image pour la beauté du geste.

La jeune génération apporte autre chose, avec des rôles plus réalistes. Géraldine Nakache est le fil rouge de l’histoire grâce à une approche toujours très “terrienne” de son personnage. Une jeune femme mariée, mère débordée, fatiguée, se posant des questions et découvrant l’amour lesbien. Alice Belaidi et Audrey Fleurot emmènent le film vers une complexité plus grande et une touche d’émotion. Même Vanessa Paradis, dont le personnage de working girl assez daté irrite parfois, arrive à sauver son personnage au fur et à mesure. Sous les jupes des filles reste malgré tout plus agréable en allant vers le graveleux, le bêta, le bon mot, l’hystérie. On s’amuse beaucoup plus que prévu et la surprise du casting y est pour beaucoup. Pas prise de tête, absolument pas fin, Sous les jupes des filles est une comédie joyeuse qui cherche avant tout à faire rire. Et va pouvoir profiter du boulevard créé par la coupe du monde pour attirer un large public. Le démarrage d’hier est déjà très prometteur.

Gilles Hérail

Sous les jupes des filles, une comédie d’Audreu Dana avec Isabelle Adjani, Vanessa Paradis, Audrey Fleurot (etc.!), durée 1h56, sortie le 4 juin 2014

Visuels et bande-annonce officiels du film.

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Gilles Herail
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