Mode
Rencontre avec Farhad Re : “Je fais des collections pour améliorer ce que je n’aime pas”

Rencontre avec Farhad Re : “Je fais des collections pour améliorer ce que je n’aime pas”

07 August 2020 | PAR Cloe Assire

C’est au sein de l’Ambassade d’Italie à Paris que Farhad Re avait présenté sa dernière collection pour le printemps-été 2020, avant que le confinement ne change radicalement le monde. Alors que la Haute Couture Online s’est déroulée en juillet, la rédaction a décidé d’interroger ce designer qui s’inscrit lui aussi dans le respect des traditions exigées par la Couture, qu’elle soit française ou italienne.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai tout d’abord commencé par des études artistiques avant de poursuivre dans le domaine de l’architecture, le tout à Rome. Une fois mon diplôme en poche, des amis m’ont amené à travailler dans l’univers du spectacle vivant en collaborant avec des théâtres et opéras de différents pays. Cela s’est fait un peu par hasard. Après avoir imaginé de nombreux décors pour la scène, je suis arrivé au fur et à mesure à l’élaboration des costumes. Le passage vers le monde de la mode s’est ensuite fait naturellement comme un passage obligatoire, en l’occurrence en présentant mes collections au cours de la Fashion Week Couture de Rome.

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous consacrer entièrement à la mode ?

J’ai toujours été attiré par la beauté et l’élégance. Dès mon plus jeune âge, j’étudiais sans cesse les personnes que je croisais, j’analysais leur attitude, leur style, en me demandant ce qui clochait ou non. J’ai tout simplement décidé d’arrêter d’analyser pour passer à l’action après avoir tant exercé mon regard. En somme, je fais des collections pour améliorer ce que je n’aime pas.

D’origine perse, vous avez grandi entre l’Italie et la France. Comment ces différentes cultures s’articulent-elles aujourd’hui dans votre travail ? 

Ma mère est en effet d’origine perse mais c’est en Italie que je suis né, que j’ai grandi, que j’ai construit qui je suis. Cependant, j’ai toujours gardé un œil sur mes racines maternelles. Je crois que c’est cette double-vision qui a forgé la façon dont je perçois le monde qui m’entoure aujourd’hui.

Quels ont été vos sources d’inspiration pour la collection printemps-été 2020, dévoilée avant que le coronavirus ne chamboule nos vies ?

C’était un moment très particulier en effet. Chaque jour, on entendait parler de cette crise sanitaire mais aussi de la pollution ou encore du réchauffement climatique. J’ai alors vraiment pris conscience de l’importance d’agir pour chacun d’entre nous, qu’il était désormais impossible de rester les bras croisés et d’attendre. Plein d’espoir, je me suis rappelé que tout peut changer comme ne cesse de le montrer la nature. J’ai surtout pensé à la métamorphose du ver en un merveilleux papillon : c’est à partir de cette idée que j’ai commencé à développer un message de changement autour de l’esthétique des papillons.

A qui s’adresse vos collections ?

À des femmes très sûres d’elles, des femmes qui n’ont pas peur de se montrer et de briller quand elles entrent dans une pièce.

 

 

Quels ont été les défis pour vous, Farhad Re, dans le contexte du confinement ?

Au début, le confinement a été très dur pour moi car je l’ai vécu comme une entrave bien trop importante sur ma vie personnelle. Puis, j’ai commencé à m’évader par l’intermédiaire de la fantaisie. C’était une façon de fixer des souvenirs positifs sur cette période afin de ne pas en conserver une image cauchemardesque. J’ai beaucoup dessiné, notamment des choses davantage quotidienne que ma collection basée sur les papillons tant le contexte m’apparaissait irréel.

La pandémie vous a-t-elle amenée à réfléchir sur le rôle de la mode ?

Bien sûr ! Je pense que la crise causée par le coronavirus a changé  la vision globale du monde, et notamment dans celui de la mode. Nous avons compris que la production massive ne pouvait plus durer, qu’il fallait penser davantage à la qualité plutôt qu’à la quantité.

Pourriez-vous nous parler de votre processus créatif habituel et des potentielles différences entraînées par le contexte sanitaire ? 

Dans mon cas, je ne pense pas qu’il y ait d’importantes différences dans le sens où la Couture est toujours un travail sur la qualité. Dans le domaine du luxe, je ne pense pas que l’on puisse noter de révolution car les choses uniques et rares sont intemporelles. 

Comment envisagez-vous la suite désormais ?

J’ai décidé d’introduire une nouvelle ligne de prêt-à-porter, toujours très luxueuse, mais sans l’attente exigée par la Haute Couture. C’est indéniablement un tournant dans ma façon de procéder et un challenge à relever.

Votre plus grand rêve ?

Je suis un sagittaire et donc un grand rêveur. J’aime penser grand et viser haut alors difficile de ne citer qu’un seul rêve !

 

Crédits : Chritina Henningstad

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