La danse-objet de Philippe Quesne au Musée d’Orsay
En lien avec l’exposition « Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle », le metteur en scène met en mouvement la mélancolie non pas des dragons mais des spectacles passés.
“NO NATURE NO FUTURE”
C’est dans l’auditorium du Musée D’Orsay où se produisait la très suisse Collection la semaine dernière que l’ancien directeur des Amandiers a installé son œuvre vivante mais sans acteurs.
C’est d’ailleurs avec MICROCOSM, tel est son nom, qu’il a remporté, enfin que le Pavillon français a remporté, le prix du meilleur pavillon pays à la Quadriennale de Prague. Classe.
Ce qui est fou c’est que ce travail post-humanité n’est pas né du Covid. Comme quoi le confinement devait être dans l’air du temps. C’est donc un spectacle mais sans comédiens, sans danseurs faudrait-il dire. Car sur scène il y a des mousses, et elles bougent au son d’un vieux piano qui joue tout seul des ritournelles de la fin du XXe siècle compilées par Pierre Desprats.
De là à dire que Quesne vient de radicaliser la notion de Post modern dance on est pas loin ! On a déjà vu des pièces de performance et de théâtre sans personne sur scène ( L’Encyclopédie de la parole, Rimini Protokoll..), mais là la sensation est différente.
Il y a une mélancolie très forte qui s’installe de cette installation et on comprend pourquoi : elle est faite d’objets de recup’, le son du piano est lui aussi un objet de recup’ puisque ce qu’il joue ce sont des bouts de mélodies présentes dans d’anciens spectacles du Vivarium Studio. Tout comme les mousses qui gesticulent, elles aussi viennent d’anciens décors. Et on imagine bien que les néons qui vont et viennent aussi !
Il s’agit de faire demain avec les miettes du monde d’avant. Au fond il y a une immense toile verdâtre, y est imprimée une peinture de Albert Bierstadt qui montre un paysage luxuriant. Une toile XIXe, à Orsay ça le fait ! Mais une toile qui aurait été trouvée dans une cave, jaunie, verdie par le temps qui passe.
La pièce est présentée en boucle jusqu’au 19 juin mais rien n’interdit de rester là à faire boucler cette chorégraphie démente à se demander ce que cela veut bien dire du monde que des formes informes nous touchent.
A la fois cabinet de curiosité et archive du monde d’avant, MICROCOSM se regarde et à chaque fois que la musique recommence prend un nouveau sens. Une pièce “seconde main” qui n’a rien de vintage !
MICROCOSM
Installation animée de Philippe Quesne création
Avec le Théâtre des Amandiers
Du 10 au 19 juin 2021 – de 9h30 à 18h (dernier accès 16h30)
Jeudis 10 et 17 juin jusqu’à 21h30
Visuel : ©Vivarium Studio