Danse
“Crowd”, la transe triste de Gisèle Vienne revient au Festival d’Automne

“Crowd”, la transe triste de Gisèle Vienne revient au Festival d’Automne

27 September 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Dans une démarche quasiment historique, le programme de la 48e édition du festival permet quelques rattrapages. Il était possible de partager la peine de Steven Cohen il y a quelques jours et jusqu’au 28, d’entrer dans la rave apocalyptique de Gisèle Vienne

Crowd est un tube chorégraphique qui tourne dans le monde entier depuis deux ans. La première question qui nous taraude et : est-ce qu’une grande exploitation épuise un spectacle ? Pour le moment, on se laisse faire.

Sur une terre de désolation qui peut aussi bien être une plage qu’un terrain vague, le sable est jonché de détritus. Le plastique, les canettes, les chips sont le tapis de danse de 15 personnages. Ils sont visiblement jeunes, habillés comme à lisière du XXIe siècle. Crop-tops, vestes à capuche, baskets bien sûr. Tout fait penser qu’ils viennent participer à une free party.

La musique est géniale et elle est aussi speed que leurs pas sont lents. On reconnait les beats de Jeff Mills et on se rue sur le site de la chorégraphe, marionnettiste et plasticienne franco-autrichienne pour connaître le détail de cette bande son techno. Que ce soit pour le dément The Pyre ou le génialement flippant This is How you will disapear (qui sera d’ailleurs repris au Châtelet du 27 au 31 mai), le son électronique est une permanence dans son oeuvre.

Ce que sait faire Gisèle Vienne c’est installer des ambiances. Et en cela Crowd est conforme à tout le travail précédent. On est face à une foule où chacun est seul. Où parfois l’on reste sur le bord. Et parfois aussi, on s’embrasse juste pour le fun. Il y a de la violence et les mains s’ouvrent pour pousser l’autre, il arrive même de chuter. 

Crowd montre la distorsion comme si ils étaient éclairés par une lumière stroboscopique. Tous les mouvements sont ainsi décomposés dans cette grammaire qui empreinte tout aux pas des danseurs de rave.  Le cou se tord et entraîne les épaules dans leur chute. Les poings se serrent comme si ils partaient au combat.  Si il y a une unité dans un centre de gravité plutôt bas, personne ne danse comme l’autre, ce qui est cohérent dans ce décor de fin du monde. 

Mais comme dans toutes les fêtes, il y a un risque d’exclusion. Nous l’avons dit, Crowd travaille la distorsion, mais, à la longue, ce déphasage entre le rythme rapide de la musique et la lenteur des gestes nous donne la sensation de ne pas avoir été invités. Et à force d’ausculter les protagonistes, l’ennuie monte. 

Crowd manque finalement de puissance et n’a pas l’impact des travaux précédents. La fin du spectacle déçoit réellement dans une facilité un peu étonnante au regard du talent de cette artiste qui nous avait habitués à sortir de ses œuvres dans un état hallucinatoire.

 

Visuel : Gisèle Vienne, “Crowd” © Estelle Hanania

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