The one dollar story : l’histoire de Jodie.

Récit-théâtre pour une actrice, The One Dollar Story tient de l’album de famille, de l’enquête policière et de la quête initiatique à travers les grands espaces américains, dans l’ombre de Leonard Cohen et de sa célèbre chanson, Suzanne. C’est aussi une merveilleuse performance de comédienne. 

The One dollar story : l’histoire est celle de Jodie.

Née à Montréal dans les années 80, Jodie est comédienne à Portland dans l’Oregon entre autres… Elle survit grâce à des petits boulots, tantôt barmaid de nuit, tantôt dog-sitter, tantôt serveuse dans un resto vegan… Quelques jours avant la mort de John Casterman, son père adoptif, elle apprend que son histoire n’est pas celle qu’on a bien voulu lui raconter. Jodie se lance dans une quête vertigineuse. Elle veut comprendre, remonter aux origines de sa solitude. Comprendre, c’est tout, comprendre qui est sa mère, son père et tous ceux qui l’entourent. Elle veut se connaître, réellement comme tout le monde, se connaître par les causes.

En toile de fond, les années 70, années de jeunesse de ses parents. Jodie n’aime pas le souvenir de cette époque qui organise une mise en scène de la liberté comme une production hollywoodienne… Tout est faux, tout est fake. Elle se sent trahie. Jodie est un virtuose de son histoire et même plus… Au fond, tout ce qu’elle raconte n’a peut-être jamais existé. Elle donne tellement de précisions, elle fouille dans les moindres recoins de sa mémoire et de son êtr, que les suspicions les plus folles courent tout autour d’elle. S’invente-t-elle une biographie ? Est-ce une tentative désespérée de partager une histoire commune avec les spectateurs, partager la souffrance, les flous, et le grand questionnement de la vie et de la mort. Jodie est drôle, sévère.

Sophie Desmarais est formidable

Sophie Desmarais est formidable ; elle est un corps et ce corps épouse le long soliloque sans jamais reprendre son souffle. Les mots nous cognent, nous saisissent. Nous sommes avec elle en apnée. Il y a une forme de performance presque olympique dans ce seul en scène où la vitalité de la comédienne vient coloniser la salle. Nous la voyons, nous la ressentons sa quête de sens ;  nous la partageons avec elle et nous accompagnons sa quête d’elle-même. Nous voudrions l’aider ; nous voudrions pouvoir la consoler de la réalité. Nous sommes face a une victime qui chute sans jamais se laisser duper par une fiction qui serait consolante. Une victime attachante qui fait face. 

Un long moment de grâce.

The one dollar story

Fabrice Melquiot

Mise en scène Roland Auzet

Avec Sophie Desmarais

Crédit photo Maxime Robert Lachaine