
« Portrait désir », l’odyssée mythologique de Dieudonné Niangouna
La MC 93accueille jusqu’au 10 décembre, en partenariat avec le Théâtre de la Colline, le Portrait désir de Dieudonné Niangouna, un voyage dans les récits qui ont bercé son enfance.
Un hymne aux contes des grands-mères
Le portrait dont il est question ici, c’est celui de la grand-mère qui peuple de récits tous plus étonnants les uns que les autres l’imaginaire de son petit-fils Shidonni, « Dieudonné » en kongo. Une grand-mère pleine de superstitions, dont le narrateur nous dit qu’elle était « un ensemble d’histoires éparpillées dans son corps ». C’est cet éparpillement que ce spectacle essaiera de nous livrer : un spectacle-patchwork, donc, qui fait du coq-à-l’âne un ressort esthétique.
Un spectacle patchwork
Aussi passons-nous, durant les quatre heures que dure le spectacle, par une multitude de lieux et d’époques. Nous voyons ainsi la très moderne peintre Sylabelle nous livrer ses rapports aux hommes et à la sexualité, Hélène et Médée tenter de trouver une voie dans ces mondes masculins et une indépendantiste angolaise tenir tête à un gouverneur portugais.
Pour nous perdre – plutôt que nous guider – dans ce sombre labyrinthe, Dieudonné Niangouna alterne récits au coin du feu, réunions entre ami.e.s et reconstitutions imaginaires de moments historiques ou mythologiques. Il recourt également à différents styles musicaux, des percussions africaines aux standards de la chanson française, sans oublier, bien entendu, le jazz.
Une grande précision d’écriture
Ce voyage dans l’odyssée personnelle de Dieudonné Niangouna est soutenu par une écriture d’une grande précision. Les moments humoristiques font place à des joutes oratoires passionnantes et à des scènes d’un grand lyrisme, au style soutenu. Le long monologue de Médée, par exemple, a des accents élégiaques qui emportent le public.
La profusion vient toutefois égarer le public entre ces différents tableaux qui, s’ils trouvent leur point commun dans ce qu’ils disent des rapports entre l’Europe et ses « Barbares », donnent parfois un sentiment d’excès. Il n’en reste pas moins un spectacle à l’écriture ciselée, dont la richesse permet d’aborder les moments sombres de l’histoire du Congo sans sombrer dans le pathos ni dans le didactisme.
Générique
Texte et mise en scène Dieudonné Niangouna
Avec Marie-Charlotte Biais, Julie Bouriche, Safoura Kaboré, Diariétou Keita, Mathieu Montanier, Dieudonné Niangouna et les musiciens Pierre Lambla et Armel Malonga
Assistanat à la mise en scène Prince Sadjo Barry
Scénographie Dieudonné Niangouna et Papythio Matoudidi
Lumières Laurent Vergnaud
Costumes Marta Rossi assistée de Léa Toul
Son Félix Perdreau
Vidéo Wolfgang Korwin
Sculptures Eugène N’Sondé
Peintures Doctrovée Bansimba
Régie plateau Papythio Matoudidi
Regard chorégraphique DeLaVallet Bidiefono
Régie générale Nicolas Barrot
Construction décor Eric Gauthier
Production Antoine Blesson, Jason Abajo et Flora Courouge
En tournée
MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny, en coréalisation avec La Colline – théâtre national, du 25 novembre au 10 décembre 2022
Le Préau – CDN de Normandie-Vire Le 30 décembre 2022
Künstlerhaus Mousonturm, Francfort (Allemagne), les 23 et 24 mars 2023
La Manufacture – CDN de Nancy-Lorraine, du 5 au 7 avril 2023
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage