Théâtre
Nuremberg, la fin de Goering au Vingtième Théâtre

Nuremberg, la fin de Goering au Vingtième Théâtre

18 February 2012 | PAR La Rédaction

À la fin de la deuxième guerre mondiale, les Alliés se trouvent devant un épineux problème: que faire des grands dirigeants nazis ? Ils ne seront pas fusillés, ils seront jugés pour crimes contre l’humanité. C’est le début d’un des plus grands procès du 20ème siècle: le Procès de Nuremberg. Sur le banc des accusés, Hermann Goering, deuxième personnage du Reich, attend son jugement.

Nuremberg, la fin de Goering est la première création d’Arnaud Denis, jeune metteur en scène et comédien de 27 ans. Après des pièces classiques (Les Fourberies de Scapin, Les Femmes savantes) et Autour de la folie, un seul en scène issu d’un montage conçu par ses soins de textes d’auteurs comme Maupassant et Flaubert, il a choisi comme sujet de sa première pièce en tant qu’auteur un moment fort de l’histoire : le procès devant un tribunal militaire international (les Etats-Unis, l’Angleterre, la Russie et la France) de Hermann Goering, premier des accusés responsables du régime Nazi à être jugé lors du Procès de Nuremberg pour les horreurs auxquelles il a participées. Ce choix de traiter uniquement le cas de Goering s’explique par la complexité et le charisme de ce numéro 2 successeur d’Hitler dont l’intelligence était bien supérieure à celle de ses co-accusés. Nous suivons donc l’interrogatoire aux allures de joute verbale très théâtrale entre Goering et le procureur américain Robert Jackson, et au témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier, déportée à Auschwitz. Les dialogues des scènes au tribunal correspondent à la transcription française du procès. D’autres scènes montrent Goering dans sa cellule en conversation avec le psychiatre Gustave Guilbert qui observait les accusés pendant leur détention (Arnaud Denis s’est inspiré du contenu du carnet du psychiatre pour les dialogues) et avec le lieutenant Wheelis, son gardien de cellule. L’auteur a imaginé des conversations presque amicales entre Goering et ce lieutenant qui, on le sait aujourd’hui, lui fournira le poison avec lequel l’accusé se suicidera pour échapper à la pendaison. Le résultat de l’entreprise de l’auteur/metteur en scène est vraiment très étonnant. Les scènes au tribunal apparentent la pièce à du théâtre documentaire. La véracité quasi-permanente des dialogues, ainsi que la grande qualité du jeu des comédiens, l’Allemand Götz Burger, plus que convaincant en Goering, et Jean-Pierre Leroux, qui l’est aussi en procureur, nous donnent vraiment l’impression de faire partie du public du procès. Ce moment d’histoire semble ressurgir dans le présent. Bien que sobres, les changements de décors selon les scènes sont presque un spectacle en eux-mêmes. La mise en scène accroît le sentiment de vérité. Une pièce à voir pour sa qualité instructive et historique, et pour les consciences qu’elle peut éveiller ou réveiller avec le portrait qu’elle dresse d’un monstre qui s’ignore certainement parce qu’il est humain.

 

Alexis Pitallier

Visuels : photo LOT

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La Rédaction

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