Théâtre
Jogging,  la course à la grande seduction de Hanane Hajj Ali

Jogging, la course à la grande seduction de Hanane Hajj Ali

26 July 2022 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Dans ce spectacle de one woman show politique et féministe, la metteuse en scène et performeuse libanaise tente d’imposer l’idée que le libre-arbitre et la croyance ne sont pas antinomiques.

Hanane Hajj Ali est croyante, infiniment et sincèrement. Elle se définit comme “une femme voilée”. Cela veut dire qu’elle assume en public son attachement à une transcendance. Cette foi est son arme de survie dans un monde où les choix sont kafkaïens, ou le bien et le mal s’entremêlent souvent.

La pièce part sur le ton de l’humour pour ensuite venir gratter du côté de la compassion (l’un des grands bémols de ce festival : Milk; Du temps où ma mère racontait et désormais Jogging). Nous n’avons pas d’autre joie que d’être touchés par son récit qui est marqué par la mort successive d’enfants. Soit parce qu’ils sont tombés malades, soit parce qu’ils sont allés combattre, soit parce qu’ils sont devenus terroristes. A chaque fois, la question est “qui est Médée aujourd’hui” ? Ou qu’est ce qui pousse une mère à tuer, pour de vrai ou symboliquement ses enfants ?

Sous une apparence légère et une forme esthétique très éloignées des standards contemporains, Hanane Hajj Ali court en réalité pour comprendre les absurdités de la vie. Le spectacle est loin d’être une création, il date de 2017 et il est actualisé au fil du temps.

Elle pointe sans se cacher la misère politique du Liban, la censure et la misogynie.

Si jogging séduit par son engagement fort de la comédienne au plateau, il laisse tout de même un goût amer. La performance très huilée manque au bout du compte de sincérité. Nous avons la sensation que quelque soit le moment où l’on verra ce spectacle, il sera exactement le même.

Finalement, en convoquant la figure urbaine de la joggeuse, Hanane Hajj Ali finit par tourner en rond et tient son public uniquement par la main de l’émotion, et d’un humour bien noir.

Jogging, Hanane Hajj Ali, 2022 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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